Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

31 octobre 2005

Rêve #4

Ce rêve, je ne peux pas en raconter grand chose. Du moins pas de manière narrative.
Je ne me souviens pas d'une histoire complète, avec début, milieu et fin, comme pour les autres. Juste quelques détails, mais totalement insignifiants (une cafetière qui coule, j'achète des clopes, je discute de l'heure d'une réunion avec une amie, etc.).
Pourtant malgré son absence d'histoire, j'ai envie de le raconter, parce qu'il m'a fait me sentir bien.
C'est la première fois que ça m'arrive d'ailleurs, je crois. De vivre cet anti-cauchemar. Je suis plutôt habitué au contraire. A tel point que je ne savais même pas que ça existait, un rêve dont on se réveille apaisé, sans pour autant qu'un événement précis vous revienne en mémoire, juste une impression générale de bien-être.
Il y a juste une chose dont je me souviens précisement, c'est l'atmosphère de ce rêve, quelque chose que je ne peux pas décrire avec précision mais qui a un rapport certain avec mon passé. D'abord, il semblait bien que j'étais à l'école, lycée ou je sais pas quoi, assez grand pour être un peu autonome mais pas encore suffisament pour être tout à fait responsable de mes actes. C'est peut-être cette situation qui m'a apaisé. Cette sensation de laisser à d'autres la gestion de certains événements décisifs du quotidien, comme on avait l'habitude de faire quand on était enfants.
Cette sensation que j'ai ressentie ce matin, ça m'a aussi rappelé une discussion (de comptoir) que j'ai eue avec Nicolas Gallon, un ami photographe, il y a quelques semaines.
Lui avait une vision un peu plus pragmatique de la chose et me disait : "tu imagines, si on pouvait retourner au lycée maintenant, avec tout ce qu'on a appris sur les filles, sur la manière de s'y prendre, sur leurs réactions, leurs envies, putain, mais on serait les rois du monde !".
Ca laissait effectivement rêveur, et je n'ai pas compris tout de suite pourquoi ce fantasme était aussi fort dans nos têtes à ce moment-là. C'est seulement aujourd'hui que je comprends.
En fait, on en a marre d'être responsables, et on voudrait revenir aux temps où les seules choses qui importaient étaient beaucoup plus futiles, beaucoup moins lourdes à porter.
C'est con, mais on aimerait bien être des ados avec des consciences d'adultes.
C'est pour ça que c'était un rêve agréable, parce qu'il se situait dans ce passé-là, où rien ou presque n'avait d'importance, et que pourtant, je pouvais penser comme maintenant. Cette impression de maîtrise, de relaxation, de simplicité, croyez-moi, c'était un soulagement inimaginable.
Mais voilà maintenant, il est 9h00 et je dois visiter quelques appartements.
Se mettre en marche, avoir l'air sérieux devant les propriétaires, ne pas savoir où je vais habiter dans deux semaines...
Le rêve est fini.
Je ne serai plus jamais un ado.

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29 octobre 2005

Que faire le samedi soir ?

Je n'aurais qu'une chose à dire :

DISCOTANSSIKURSSI !!!

Des ânes et des poulets

Bon j'invente rien.
C'est paru ce matin dans le journal dont je parlais hier.
Mais plutôt que de confirmer ma théorie, je trouve que c'est surtout un amusant clin d'oeil du hasard.
Je sais pas si ça restera longtemps en archives, alors je copie-colle (en précisant que je n'ai pas modifié le nom du monsieur en question !) :

Poilly-sur-Tholon : quatre ânes décèdent mystérieusement à Auvergne
La macabre découverte effectuée par Éric Poulet, un habitant du hameau d’Auvergne à Poilly-sur-Tholon (Aillantais) remonte à un peu plus de deux semaines. Quatre des cinq ânes âgés de 20 mois à huit ans dont il s’occupait avec son épouse sont morts, dans un pré situé au cœur du hameau, à deux pas de la maison de la famille Poulet.

Avec ces animaux, Éric Poulet avait fondé au mois d’avril 2004 « Du coq à l’âne », une association qui lui permettait de proposer, à la belle saison, des randonnées à dos d’âne aux touristes sur les chemins de l’Aillantais. « Je ne compte pas racheter d’autres bêtes pour poursuivre cette activité » confiait-il hier après-midi. Activité qui rencontrait d’ailleurs un certain succès.
Éric Poulet, qui n’a pas remarqué de traces de blessures sur les cadavres des animaux, a fait intervenir un vétérinaire afin de procéder à une autopsie « uniquement pour un âne ». « Aucune maladie, aucune infection n’a été décelée » rapporte Éric Poulet.
Qui sur les conseils de ce professionnel, vient d’accepter l’envoi d’échantillons de sang prélevés sur l’âne autopsié dans une clinique située au sein de l’école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (Val-de-Marne).
Les résultats ne lui sont pas encore parvenus. En attendant, Éric Poulet, qui n’a pas déposé plainte auprès de la gendarmerie, souhaite « mettre les habitants des environs qui possèdent des animaux en garde ». « Ces ânes étaient jeunes et en bonne santé. Leur mort reste suspecte ».

[PS : et puisqu'on y est, flashback vers ma série d'autrefois, Nourrir les ânes, pour ceux qui connaissent pas.]

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Comme si j'avais que ça à faire...
Comme si j'avais pas d'autres choses auxquelles penser...
Beaucoup. Compliquées. Difficiles. Bouleversantes.
Je parle pas des projets bien sûr. Mais de ce qui se passe.
De ce dont les gens parlent généralement sur leur blog.
La vie, vous savez.
Mais comme je l'ai déjà dit, c'est pas mon truc de m'étendre, et comme pour tout le monde, les détails, c'est sous les lignes qu'il faut les chercher.
Mais pas ici.
Ici, il y a juste des mirages.
Et ça, c'en est juste un nouveau.

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28 octobre 2005

Les obsèques du canard sauvage

J'ai toujours été fasciné par les mouvements de psychose collective.
Il y a quelques années, j'avais même commencé à écrire une histoire basée sur la légende urbaine du félin, celle qui revient régulièrement dans la presse depuis l'affaire de la Bête du Gévaudan, panthère noire échappée, loup vorace, léopard dans un parc municipal, fauve mystérieux qui sème la panique, etc.
Autant dire que ces temps-ci, je suis gâté avec la grippe aviaire et l'étude de ce cas est d'autant plus passionnante que cette menace sanitaire ne date pas d'aujourd'hui (j'ai lu les premiers rapports il y a près de deux ans) mais que la psychose a éclaté d'un seul coup, sans qu'il y ait pour autant plus de cas déclarés qu'au début de l'alerte.
Aujourd'hui, dans mon journal local préféré, on s'y met aussi, avec une belle Une qui n'aura jamais autant mis les poulets en avant que depuis la grande époque de Bourgoin, notre self-made-man foireux dont seul ce département possède le secret de fabrication.
La grippe aviaire, donc, ça commence à faire peur. Et quand ça fait peur, les médias ont de quoi se mettre de l'info sous la dent parce que tout le monde la voit, la Bête, et à tous les coins de rue.
Un article passionnant et exemplaire aujourd'hui donc, en plus du dossier consacré à la grippe aviaire, et qui s'intitule (ne riez pas) : "Tonnerre : découverte d’un canard sauvage mort".
Au début, je dois dire que j'ai été assez interloqué en me demandant ce que pouvait bien faire une notice nécrologique animale dans un quotidien régional. Et la solution s'est imposée d'elle-même avec cette phrase de l'article "La Fédération des chasseurs, attendu que « l’animal n’avait été en contact avec personne », a conseillé l’enfouissement de l’animal, et en appelle « à ce que la, psychose retombe », concernant la grippe aviaire."
Etonnant.
Evidement, pour les parisiens qui me lisent, le fait qu'on trouve un canard mort peut sembler incongru. Mais si on connait un peu le contexte local, surtout en période de chasse, il faut bien dire que ce fait n'a rien d'extraordinaire et qu'en temps normal (c'est à dire il y a deux mois), le passant qui a découvert la bête se serait bien gardé de le dire, l'aurait balancé discrètement dans son coffre et l'aurait ramené tout content à sa femme pour le manger dimanche midi.
Sauf que là non. Tout sauvage qu'il est, et grâce à la grippe aviaire, le pauvre volatile, peut-être terrassé en vol par une crise cardiaque, ou électrocuté sur une ligne à haute tension, comme ça arrive parfois, aura droit à une sépulture descente. Peut-être même lui installera-t-on une stèle et une flamme éternelle, à la mémoire du canard inconnu, allez savoir. Et sans aucun doute, il en sera de même pour tous les autres canards morts de mort naturelle dans les mois à venir, parce que grâce à cet article qui appelle à ce que "la psychose retombe", il ne fait aucun doute que les cas de danger potentiel ne vont pas manquer de se multiplier, copieusement relayés par la presse locale, et entretenant d'autant plus, justement, la psychose.
Dans un post suivant, et sur le thème "ILS vont nous envahir et ILS sont déjà partout", je vous parlerai aussi de la peur de l'immigré en milieu rural et du rapport entre la psychose de la grippe aviaire et l'ouverture de la Chine au capitalisme.
La Bête rôde...

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25 octobre 2005

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22 octobre 2005

Guide pratique du blogger et du cyberdissident

Ce petit guide pratique ne sera probablement pas très utile à la plupart des blogs que je connais, mais possède au moins le mérite de nous rappeler que nous avons entre les mains un outil puissant et qui pourrait changer le monde... si on savait quoi dire, bien sûr.
C'est publié par Reporters Sans Frontières et donne de nombreuses astuces sur la manière de publier anonymement, contourner les outils informatisés de censure, bref, s'exprimer librement sur le web.
Bon, le problème, et je ne m'exclue pas du lot quand je dis ça, c'est que c'est justement au moment où on possède l'outil qu'on n'a bizarement plus rien à dire.
Parce que rendons-nous à l'évidence, nos blogs à tous n'ont rien de subversif, rien de gênant pour le pouvoir en place, et encore moins pour les actionnaires pétés de fric qui viennent d'ailleurs de voir leur ISF allégé.
La guerre, je suis bien d'accord, et pendant longtemps, ça a été de s'élever contre la censure. La vraie, avec des ciseaux qui coupent, et qui sévit encore dans de nombreux pays.
Mais aujourd'hui, ça n'est pas contre un ennemi armé d'un feutre rouge qu'il faut combattre. C'est contre notre propre incapacité à nous élever contre une injustice... Parce que les moyens de dire tout ce qu'on veut, on les a. Et qu'est-ce qu'on en fait ? Qu'est-ce qu'on trouve de si crucial à dire ? Que je suis en vacances ? Que Machin ou Trucmuche est venu me voir ? Que je ne sais pas trop si il faut que j'achète une maison plutôt qu'un appartement ?
Oh, je sais, on va me répondre avec quelques contre-exemples, de moments où dans nos civilisation occidentales, il y a eu une injustice, et que cette injustice a été révélée grâce à cette liberté d'expression si chèrement acquise, et je suis prêt à le reconnaître.
Mais ma grande peur, c'est que dans ce déluge de tout et de n'importe quoi, on finisse par oublier tout ça. Oublier petit à petit de se servir de notre droit de l'ouvrir, parce que dans toute cette bordelo-sphère, il y a surement quelqu'un qui y aura déjà pensé, et/ou qui l'aura mieux dit, et se contenter de parler de nos vies, des choses minuscules qui nous arrivent à nous tous les jours, parce que ce sont définitivement les seules originalités qu'on pourra trouver à publier.
Il y a quelques jours, Pouic m'a demandé de participer à son réseau de Freemen.
Bon, c'est vrai, j'adore Dune, moi aussi, mais je me sens quand même très mal avec ce type de rassemblements autour de grandes pensées. Non pas que je sois contre les idées exprimées, mais pour moi, le problème se situe vraiment aujourd'hui à un autre niveau, beaucoup plus subtil, et que j'expliquais ci-dessus. Les notions comme l'humanisme, la solidarité, la liberté, l'égalité, etc., sont des concepts tellement consensuels qu'ils ne peuvent QUE recueillir les suffrages de tout le monde. C'est exactement ce qui se passe quand Chirac et Sarkozy font de la sécurité routière une priorité, ou encore de la recherche contre le cancer. Qui ira dire "Non, il faut que les gens meurent sur la route et agonise en chimio" ? Personne, encore heureux. Et c'est ça qui me chagrine avec les Freemen. Qui ira dire "Moi je suis pour la pollution de la planète et pour que ça continue comme ça jusqu'à ce qu'on y passe tous" ? Même Le Pen pourrait adhérer aux Freemen avec une telle définition d'objectifs.
C'est pour ça que j'ai pas forcément répondu "à chaud", et que je préfère le faire maintenant publiquement, en toute amitié, et en espérant que ça ne vexe personne.
J'ai donc dérivé un peu de l'objet premier de mon post, qui était consacré à ce fameux "guide pour les bloggers qui en ont besoin", mais pour finir et relier tout ça, je vais citer Deleuze pour changer, et vous laisser méditer.
Promis, dans mes prochains posts, tout redeviendra normal et je continuerai à vous demander votre avis sur ce que je dois manger demain midi...

"Le problème n'est plus de faire que les gens s'expriment, mais de leur ménager des vacuoles de solitude et de silence à partir desquelles ils auraient enfin quelque chose à dire."
Gilles Deleuze

Vacances or not vacances

Comme tout écolier qui se respecte, je suis moi aussi en vacances à partir d'aujourd'hui.
Un peu de temps donc, pour avancer sur des tas de choses que j'avais plus ou moins laissées en plan.
Ca commence par HUGO, dont je continue la rédaction de plusieurs parties simultanément. Ca devient un projet assez important, à vrai dire, aussi bien au niveau du volume que de la complexité stylistique. C'est peut-être pour cette raison que les mises à jour ne sont pas très fréquentes, pour me laisser le temps de vérifier toutes les éventuelles incohérences entre les différentes parties. Mais enfin, j'ai bon espoir de terminer ce texte, que cela prenne 6 ou 36 mois.
Ensuite, une autre activité vraiment chronophage, et que les vacances vont me permettre de faire avancer un peu plus sérieusement, c'est le théâtre. Un projet dont je n'ai pas encore parlé dans ces colonnes de manière à ne pas me faire capter par la SACD, à l'affut de toute utilisation de textes contemporains...
Il s'agit d'un monologue où je serai seul en scène, le 23 mars prochain, à Auxerre. Pour l'auteur et la description précise, mieux vaut suivre ce lien qui vous en dira plus sans affoler Google. Sachez simplement que ce monsieur a refusé son Molière du meilleur auteur francophone lors de la dernière cérémonie afin de protester du peu de cas que font les théâtres des auteurs contemporains. Un geste, certes décrié, mais qui vaut son pesant de courage, de mon point de vue.
Bref, c'est un texte long, compliqué, et pour une "première" expérience de comédien, je dois avouer que j'aurais pu trouver plus accessible.
Du travail donc, beaucoup de travail, de mémoire, de maîtrise, et cette semaine ne sera pas de trop pour me permettre de m'y consacrer à 100%.
Alors vacances or not vacances ? That is the question...

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20 octobre 2005

Dustan (suite)

Décidement, Libé se lâche sur Dustan... maintenant qu'il est mort.
On ne va pas les blâmer, après tout. Mieux vaut tard que jamais.
Mais enfin, c'est un peu flippant aussi de voir qu'il faut nécessairement (tré)passer par la case Faucheuse pour avoir un semblant de crédibilité ici-bas.
Peut-être à cause de la jalousie.
Parce que la phrase est certes hors-contexte, mais ce Rebonds de Libé écrit par Thomas Clerc se termine tout de même par "J'espère que Guillaume Dustan n'est pas encore arrivé au paradis parce que «Dieu est un petit Blanc hétéro». Je voudrais qu'il reste avec nous, en enfer."
Ailleurs dans la presse, en particulier de jeunes branchouilles parigotes qui lui doivent tout mais qui préfèreraient se faire enfiler par un clodo plutôt que de l'admettre, pas ou peu de commentaires. Juste une ou deux annonces nécrologiques qui prennent bien la peine de préciser que Dustan, c'était vraiment pas leur tasse de thé.
Pour les blogs en revanche, ya du monde. Et je ne crois pas connaître aucun quotidiens, magazine ou revue qui ne se soit fendu de son petit dossier "phénomène de société", vous savez, ce genre de papier superficiel qui énèrve les vieux bloggers et motive les jeunes à en faire encore plus dans l'étalage. C'est qu'il faut se faire remarquer, au milieu de 8 millions d'autres fils d'info intimes mis à jour quotidiennement.
Un dossier sur Dustan ? S'il existe, montrez-le moi.
Et pourtant, Dustan racontait sa vie tout pareil, évitait la fiction tout pareil, et ses bouquins ressemblaient beaucoup à nos dossiers d'archives, avec juste un peu plus de queue que de tête, peut-être.
Enfin, à nouveau, pour ceux qui ne connaissent pas, n'hésitez pas à filer sur ce beau Rebond (Mon coeur est mort (pour Guillaume Dustan)), parce que dans quelques mois, on ne saura même plus que ce type a existé.

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17 octobre 2005

Autre chose

La scène du canapé chez LynchJe viens de voir "Caché", de Haneke.
Bon, je suis assez fan de ce type, depuis "71 fragments d'une chronologie du hasard", avec des hauts ("La Pianiste") et des bas ("Funny Games"), mais là, ça m'a paru plutôt super bof.
En revanche, ya un truc qui m'a paru vraiment bizarre, c'est que dans tous les articles que j'ai pu lire dans la presse soit disant renseignée, aucun d'eux ne faisait jamais référence à "Lost Highway" de Lynch.
Je ne pense pas que cela vienne de mon obsession pour ce film, mais franchement, la référence est tellement évidente que je m'étonne du silence médiatique qui règne à ce sujet.
Je résume, pour ceux qui n'ont vu ni l'un ni l'autre.
D'abord, l'histoire de base est exactement la même. Attention, ça n'est pas une histoire banale : un couple aisé se met à recevoir des K7 vidéo, déposées sur son péron, et montrant sa maison filmée en plan fixe. Si Haneke n'a pas vu Lost Highway, avouez que c'est une putain de coïncidence, non ?
Ensuite, il y a la manière de procéder. De longs plans subjectifs dans des couloirs sombres, qui font toute l'angoisse de Lost Highway, repris tel quels, par touches successives, dans "Caché".
La scène du canapé chez HanekeEt enfin, le bouquet, le long travelling dans le couloir d'hôtel (le Lost Highway Hotel dans le film éponyme et le HLM dans "Caché") avec les numéro sur les portes filmés exactement de la même manière.
Evidement, les films diffèrent en de nombreux points, mais pour moi, il ne fait aucun doute que "Caché" est un remake sournois de "Lost Highway", et qu'une grande partie de son intérêt doit résider dans la collision entre ces objets, chacun une couleur dans la peinture globale d'un mystère qui demeure à jamais, justement, caché.

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16 octobre 2005

En écoute

Vous allez voir, je change pas d'un iota.
J'imagine qu'il doit sortir des tas de choses nouvelles, toute l'année, mais vous savez, comme les névropathes obsessionels, j'écoute toujours les mêmes disques (sic), comme autrefois je voyais toujours les mêmes films, indéfiniment, jusqu'à les savoir par coeur.
Les oeuvres de l'esprit, comme on dit, ça vient sur votre histoire, et ça se décalque dessus. Comme la madeleine de Marcel, vous savez.
Alors peut-être que le fait d'écouter toujours la même chose, ça m'empêche de me souvenir d'une chose particulière qui aurait pu se passer à un moment précis.
Peut-être que tout ça fait que ma mémoire, c'est juste un long et interminable présent, avec la même bande-son, non-stop.
Alors aujourd'hui il y a Hrsta d'abord, le nouvel album "Stem Stem In Electro". Rien d'exceptionnel puisque j'avais déjà écouté en boucle le précédent "L'éclat du ciel était insoutenable" pendant des années.
Il y a aussi les inévitables "Godspeed You Black Emperor !", un live particulièrement réussi trouvé sur archive.org. C'est du Godspeed de l'époque où le point d'exclamation était à la fin (c'est à dire avant Yanqui U.X.O.), et mon avis c'est que c'était la meilleure période.
Merde, voilà que je parle du passé... et de ce qui était mieux avant. Comme Sigur Ros, par exemple, dont le dernier album est quand même vachement de la merde.
Alors peut-être que tout ça, c'est faux, que je suis pas plus névropathe que n'importe lequel d'entre nous, et que malgré tous mes efforts, ma mémoire sait toujours faire la différence entre ce qui était mieux et ce qui est pire.
C'est peut-être le cas, mais alors je ne parviens pas à m'expliquer pourquoi aujourd'hui encore, l'éclat du ciel est insoutenable...

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15 octobre 2005

Sur le bout de la langue

Au delà des talents littéraires ou diaristes de ceux qui l'alimentent, la blogosphère possède une qualité tout à fait fascinante.
C'est fin, presque imperceptible, et peut-être même que ça n'existe pas, mais je crois qu'il existe dans chaque blog deux niveaux de lecture au moins.
On ne peut se rendre compte de cette particularité que si on écrit soit même un blog, ou toute autre objet littéraire public (mais puisque nous sommes peu ici à être édités chez Gallimard, mieux vaut s'en tenir au blog pour l'exemple).
Le blog est une activité qui se veut intime mais... publique.
Bien sûr, de nombreux exemples existent du détournement de ce but initial (en particulier pour les blogs collectifs, on comprend pourquoi), mais pour 90% des blogs d'aujourd'hui, il s'agit purement et simplement de journaux intimes, qu'on décide de mettre en ligne. Je ne vous apprends rien.
Seulement mettre en ligne ses pensées provoque parfois des cataclysmes. Si ces pensées s'en tiennent à donner son avis sur telle ou telle information, telle émission de télé ou tel autre album de musique, tout va bien. Mais dès qu'on entre dans la sphère intime, dans le coeur de nos pensées, et en particulier de nos pensées relationnelles, c'est là que tout devient plus complexe, et qu'il faut faire preuve de finesse.
Tous les blogs diaristes possèdent à mon avis ce cryptage, dont la lecture est d'autant plus intéressante qu'elle est à la fois un quête de la clé qui les a brouillés.
Pour ma part, je lis assiduement plusieurs blogs diaristes, de gens qui racontent leur vie plus ou moins intéressante, de manière plus ou moins passionnante. Mais toujours une phrase, une image, une ponctuation anormale, vient interférer avec la compréhension que j'ai de la surface du message, pour me laisser imaginer qu'un mystère sommeille sous les mots, qu'un code est diffusé à l'attention d'initiés dont je ne fais pas partie.
Percer le code de chaque blog, rassembler chaque pièce, jour après jour, anecdote insignifiante après blague débile, je crois que c'est ça qui me pousse à continuer à suivre les aventures insipides de tous ces gens comme les autres.
Parce qu'il y a toujours un message caché. Toujours une pensée amorale qui sous-tend chaque phrase, au-delà même des significations propres et du fait tangible exposé.
Il va de soi, bien entendu, que je n'échappe pas à cette règle.

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11 octobre 2005

Thread up !

Il y a deux choses.
La première, c'est que je ne suis pas souvent d'accord avec Libé, alors quand je le suis, il est utile de le dire.
La seconde, c'est qu'être d'accord avec Libé aujourd'hui, et ce papier sur Guillaume Dustan qui est mort la semaine dernière, ça veut dire être d'accord avec la belle dernière phrase d'Eric Loret. "Avec sa disparition, la littérature de l'avenir est déjà du passé."
Tourné comme il est tourné, cet article nous parle de toute une période, quelque part dans le passé, une période dont on se doutait qu'elle était achevée, mais pas vraiment certains non plus.
Aujourd'hui, on est sûrs. Ces années d'effervescence nihiliste, où on était même capable de trouver un sens, aussi dérisoire soit-il, à la collision des paillettes et de l'encre, du champagne et de la lutte des classes...
J'aurais dû m'en douter, d'ailleurs, au moment où Thierry s'est décidé à sortir son bouquin, et du bois numérique par la même occasion. J'aurais dû sentir que quelque chose s'achevait. Mais souvent il faut que quelqu'un meurt pour vraiment tourner la page.
Bien sûr, je ne connaissais pas personnellement Dustan. Mais comme pour Eric Loret, il représentait quelque chose. Une icône non, mais en tout cas un type dont tous les écarts, toutes les exubérances, tous les doutes et tous les coups d'éclat étaient complètement en phase avec ce qu'on pensait alors.
Il me revient des images, sur le toit du Loft, un jour d'été, où je lisais "Nicolas Pages" à haute voix (ceux qui étaient là doivent se souvenir de ce jour), et ce journal auto-fictionnel avait quelque chose de privé, de confidentiel. C'était pas un livre que je lisais. Encore moins un livre acheté à la FNAC. C'était le journal d'un copain. Et il aurait pu être là que ça n'aurait choqué personne.
A quand remonte cette image ? 2000 ? 2001 ? Je venais de fuir Paris, mais Paris était encore là, partout, ce Paris-là (P.A.R.I.S. dirait Thierry) qui s'est désagrégé petit à petit, au fur et à mesure que mon exil durait, jusqu'à ce que ce ne soit plus un exil. Parce que d'un exil, on revient.
Il y a quelques jours donc, quand Nicolas (celui de Tourgueniev, pas Pages) m'a dit que Dustan était mort, ça m'a fait bizarre, sûrement cette même impression que ressentent les vieux qui voient un par un tomber leurs copains d'armée en feuilletant la rubrique nécrologique du canard du coin. Et cette impression encore en ouvrant libe.fr ce matin. Au cas où j'aurais eu un doute, maintenant c'est sûr. Tout ça, c'est terminé. L'exil n'est plus un exil. Je ne reviendrai plus à Paris. Il n'y a plus ni de lieu, ni d'époque à laquelle je puisse m'accrocher pour avoir l'impression d'appartenir à quelque chose. Il n'y plus que le présent, le futur, et toutes les responsabilités qui vont avec.
Avant ça, j'aurais pu encore dire que voilà, ça y est, la page est tournée. Mais aujourd'hui, il n'y a même plus de page. Et Guillaume Dustan, Paris, la littérature, le champagne, la lutte des classes, c'est plus du papier.
C'est juste un post qui vient de disparaitre dans les archives.
Et je sais même pas si c'est triste.

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07 octobre 2005

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