Rêve #4
Ce rêve, je ne peux pas en raconter grand chose. Du moins pas de manière narrative.
Je ne me souviens pas d'une histoire complète, avec début, milieu et fin, comme pour les autres. Juste quelques détails, mais totalement insignifiants (une cafetière qui coule, j'achète des clopes, je discute de l'heure d'une réunion avec une amie, etc.).
Pourtant malgré son absence d'histoire, j'ai envie de le raconter, parce qu'il m'a fait me sentir bien.
C'est la première fois que ça m'arrive d'ailleurs, je crois. De vivre cet anti-cauchemar. Je suis plutôt habitué au contraire. A tel point que je ne savais même pas que ça existait, un rêve dont on se réveille apaisé, sans pour autant qu'un événement précis vous revienne en mémoire, juste une impression générale de bien-être.
Il y a juste une chose dont je me souviens précisement, c'est l'atmosphère de ce rêve, quelque chose que je ne peux pas décrire avec précision mais qui a un rapport certain avec mon passé. D'abord, il semblait bien que j'étais à l'école, lycée ou je sais pas quoi, assez grand pour être un peu autonome mais pas encore suffisament pour être tout à fait responsable de mes actes. C'est peut-être cette situation qui m'a apaisé. Cette sensation de laisser à d'autres la gestion de certains événements décisifs du quotidien, comme on avait l'habitude de faire quand on était enfants.
Cette sensation que j'ai ressentie ce matin, ça m'a aussi rappelé une discussion (de comptoir) que j'ai eue avec Nicolas Gallon, un ami photographe, il y a quelques semaines.
Lui avait une vision un peu plus pragmatique de la chose et me disait : "tu imagines, si on pouvait retourner au lycée maintenant, avec tout ce qu'on a appris sur les filles, sur la manière de s'y prendre, sur leurs réactions, leurs envies, putain, mais on serait les rois du monde !".
Ca laissait effectivement rêveur, et je n'ai pas compris tout de suite pourquoi ce fantasme était aussi fort dans nos têtes à ce moment-là. C'est seulement aujourd'hui que je comprends.
En fait, on en a marre d'être responsables, et on voudrait revenir aux temps où les seules choses qui importaient étaient beaucoup plus futiles, beaucoup moins lourdes à porter.
C'est con, mais on aimerait bien être des ados avec des consciences d'adultes.
C'est pour ça que c'était un rêve agréable, parce qu'il se situait dans ce passé-là, où rien ou presque n'avait d'importance, et que pourtant, je pouvais penser comme maintenant. Cette impression de maîtrise, de relaxation, de simplicité, croyez-moi, c'était un soulagement inimaginable.
Mais voilà maintenant, il est 9h00 et je dois visiter quelques appartements.
Se mettre en marche, avoir l'air sérieux devant les propriétaires, ne pas savoir où je vais habiter dans deux semaines...
Le rêve est fini.
Je ne serai plus jamais un ado.