Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

29 octobre 2008

Précisions sur le Précis

Passés ces quelques jours de gloire consécutifs à la sortie des Travaillants, les dîners au Fouquet's et autres télégrammes des grands de ce monde, il est temps maintenant de se remettre au travail.

Pour ceux qui ont manqué cet épisode, il faut donc savoir que depuis plus d'un an maintenant, je me consacre de très près à l'horticulture, pratique qui m'a forcément amené assez vite à la science botanique. Je possède et fais vivre une cinquantaine d'espèces de plantes, en grande majorité carnivores, mais pas seulement.

Cette fascination pour le monde végétal m'a d'ailleurs poussé, il y a quelques mois, à créer une rubrique spéciale sur ce blog, que finalement je n'ai que très peu alimentée. La raison en est simple. C'est tout simplement parce que toutes ces notes, ces réflexions et ces idées, ont fini par s'agencer sous la forme d'un projet qui allait bien au-delà des quelques notules sporadiques que j'aurais pu poster ici.

Ce projet, c'est Le Précis de Botanique, auquel je travaille depuis que j'ai eu achevé les Travaillants. Attention, je dis bien que je suis en train d'écrire le Précis de Botanique, et non pas un Précis de botanique (il y en a déjà beaucoup). La différence est fondamentale, tant je n'ai aucunement la prétention de m'immiscer dans l'aspect purement scientifique de l'étude des végétaux. Je lis avec assiduité bon nombre de listes de discussion et de forums sur le sujet, mais tous les messages et commentaires que j'y découvre ne m'inspirent aucune réponse. J'emmagasine au contraire cette somme considérable de connaissances qui me laisse sans voix. Même chose avec tous les livres que je me procure petit à petit, et dont l'esthétique et la précision sont une matière infinie pour mon projet à venir.

Mon attention, en particulier, s'est posée sur ce qu'on appelle les Flores, soient les inventaires botaniques complets d'un secteur géographique. On trouve donc la Flore de France, la Flore d'Europe de l'Ouest, la Flore du Maroc, etc. Ces livres rares, au prix élevé, obéissent tous à une nomenclature précise, et sont presque tous illustrés. Pour ceux qui n'ont jamais vu ce type d'ouvrage, l'image qui illustre ce post est un exemple de page extraite de la "Flore Pratique" de Roger Blais, trouvé sur un vide-grenier.

Tout ce matériau, esthétique, scientifique, et bien sûr philosophique, au cours des mois, s'est accumulé, a mûri, et je commence aujourd'hui à avoir une idée très claire de ce à quoi ressemblera Le Précis, dont j'ai déjà entamé la rédaction.
Comme je le disais, il ne s'agira pas d'un ouvrage scientifique, mais d'un ouvrage hybride, comme j'ai coutume de les imaginer. Tel que je l'ai construit aujourd'hui, Le Précis de Botanique sera à la fois un livre de fiction, un livre d'art, une réflexion métaphysique, ainsi qu'une "œuvre en abyme".

Voilà le cahier des charges, et si je me garde bien aujourd'hui d'en raconter plus, c'est aussi pour me permettre de distiller ici et petit à petit tous les enjeux, ou tous les détails de sa conception pendant les longs mois qui viennent.

Pour finir, une dernière précision. Je n'ai toujours pas décidé de la forme finale que devra prendre ce projet, et surtout sa méthode de diffusion. Au stade où j'en suis, toutes les options sont ouvertes, que ce soit l'édition d'un PDF, la mise en ligne sous forme de base de données, ou encore l'édition d'un livre en vrai papier. Pourtant, j'ai bon espoir, car d'expérience, le support de diffusion s'est toujours imposé de lui-même. Sans aucun doute, il en sera de même cette fois-ci.

Libellés :

25 septembre 2007

Cultures

"Je voudrais savoir lequel est le pire, ou d'être violée cent fois par des pirates nègres, d'avoir une fesse coupée, de passer par les baguettes chez les Bulgares, d'être fouetté et pendu dans un auto-da-fé, d'être disséqué, de ramer en galère, d'éprouver enfin toutes les misères par lesquelles nous avons tous passé, ou bien de rester ici à ne rien faire ?"

C'est par cette grande question posée par Voltaire dans "Candide" que j'inaugure aujourd'hui une nouvelle rubrique de ce blog, la rubrique "botanique", d'abord parce que c'est vachement mieux que "il faut cultiver notre jardin", et ensuite parce que celui qui s'est déjà penché sur le sujet un jour comprendra tout à fait ce que cette cruche de Cunégonde ne comprendra jamais : cultiver son jardin est exactement le contraire de ne rien faire.
Cela faisait quelques temps que me trottait dans la tête cette idée d'engager les cultures, et de me confronter au monde végétal dont j'avais l'intuition des enjeux sans vraiment les comprendre.
Lors de l'écriture du texte "C'est ma peau contre la vôtre", en 2000, je trouvais déjà le moyen de placer en exergue une citation de Karel Capek, tirée de "L'année du jardinier", un livre qui résume parfaitement mon sentiment vis à vis des plantes depuis peu.

"Et alors, mon garçon, vous verriez que les nuages ne sont ni si divers, ni si beaux, ni si terribles que la terre qui est sous vos pieds."

Il faut du temps, et de la maturité pour devenir ne serait-ce que jardinier amateur. Il faut une condition d'esprit retirée, et calme, et dénuée de toute précipitation, pour faire épouser son rythme à celui de la verdure. Tout simplement parce que se confronter au monde végétal, c'est se confronter à notre propre qualité éphémère d'être humain, à notre condition mortelle, au fait que ces végétaux que l'on plante, pour certains, nous survivront, et survivront à nos enfants, et aux enfants de nos enfants, et que cette acceptation est de plus en plus difficile à ressentir dans les sociétés accélératrices où nous frayons, et où il devient agaçant de ne pas avoir tout et tout de suite, agaçant d'attendre et de perdre ce précieux temps dont il est admis qu'il est de l'argent.

Cultiver, c'est faire l'expérience de cette attente, et caler sa patience sur celle des saisons, sans jamais aucun résultat immédiat, avec souvent l'obligation de ne rien faire pendant un an avant de savoir si ce petit geste exécuté aura un effet positif ou négatif sur la plante qu'on essaie de faire survivre. Cultiver, c'est renoncer à la résolution immédiate, et ralentir de force sous peine de déception, autrement dit l'exact opposé de nos habitudes actuelles, qui nous poussent à accélerer afin de ne pas risquer d'être dépassé.

Je crée donc cette rubrique pour vous parler de ce que je ressens en m'occupant de ces plantes, et aussi tout simplement pour les montrer, et peut-être élargir un peu le public de ce blog constitué à 90% par des crétins qui cherchent des photos de Michel Sardou.

A très bientôt donc, avec un peu plus de verdure.

Libellés :