Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

06 janvier 2009

Prélude au crépuscule

Nouvel agencement de photos et texte.
Janvier 2009
http://troudair.free.fr/crepuscule.html

Libellés : ,

31 octobre 2008

Rêve #9

Je sais pas comment j'ai pu arriver backstage à ce concert de Radiohead. D'autant que ça va faire près de 7 ou 8 ans que je ne les ai pas vu jouer.
Mais j'y étais, caché derrière un pendrillon, parce que Thom Yorke semblait nerveux un peu, et que je devais être une sorte de soutien psychologique, peut-être la mascotte que le groupe trainait en tournée, je sais pas.
On était entre deux chansons, quand le public a fini d'applaudir et que seuls quelques sons s'échappent des instruments branchés mais pas encore mis en action.
Et c'est là que Thom s'est retourné vers moi et m'a fait un petit signe, comme pour dire "tiens, celle-là, c'est pour toi". Et avec un archet, il a frotté sa guitare et le groupe a commencé à jouer "Airbag".

Ensuite, on s'est tous retrouvé dans une piscine, et Thom m'expliquait que mon départ était pas super au point, que je pouvais gagner facilement 3 ou 4 secondes sur un 100 mètres nage libre si je suivais ses conseils.
Et croyez-le ou non, mais il avait raison !

Libellés : ,

25 août 2008

Une aire

Suite et fin de mes photos de vacances.
C'était sur le chemin du retour, et on s'est arrêté pour se dégourdir les jambes.
Moi, je suis resté sur le parking en fumant une clope.
Assis au même endroit, pendant une dizaine de minutes, j'ai pris une cinquantaine de photos. "Une aire" en est une sélection.

Une aire

Libellés : , ,

17 août 2008

Visions d'une plage

Variation à base de texte et d'images réalisée durant les quelques semaines que je viens de passer dans le sud.
Cela faisait plusieurs années que je n'étais pas retourné, en bon touriste, sur une plage où s'amassent les populations avides de chaleur et de cancers de la peau.
Le résultat, vous le remarquerez, n'est pas subtile, ni brillant. Le résultat, c'est la démission de la pensée. Le résultat, c'est le néant.

Visions d'une plage

Libellés : , ,

03 avril 2008

Stalin, Lenin, Lapin...



"Bunnies running over Lenin and Stalin's corpses"

Nouvelle oeuvre à base de YouTube.
Je pense que là, je tiens quelque chose...

Libellés :

03 février 2008

Not alone

[J'ai pensé à faire ce montage suite à la rédaction d'un de mes posts sur AEIOU. Ca parle de solitude, et de cris dans le noir. Attention, une connexion conséquente est requise.]


Not Alone / 2008

Libellés : ,

07 janvier 2008

correspondance

Feuilletant un livre, une étrange impression, en voyant ma main blessée posée à côté d'une peinture.

Libellés :

04 décembre 2007

Perspectives

Libellés :

13 juillet 2007

Différentes nuits

A peu d'exceptions près, tous les mardis, depuis octobre 2006, je dors à l'hôtel.
Au bout d'un moment, j'ai commencé à répertorier les numéros des chambres que j'occupais.
Ma collection est incomplète, mais je trouve cette mosaïque déjà très inspirée.

Libellés :

01 juillet 2007

Dans la poussière blanche

C'est toujours un événement de se retrouver face à une destruction à grande échelle, puisque fatalement, la destruction d'ampleur nous renvoit obligatoirement à la nôtre.
Ce samedi 30 juin, à 11h30, j'ai assisté à la démolition des trois tours des Brichères, à Auxerre.
Cette vidéo a été prise à moins de 70 mètres des tours, c'est à dire à la limite du périmètre de sécurité.

Et puisque mon téléphone portable disposait d'assez de mémoire pour continuer à tourner, j'ai pu saisir ces images impressionnantes des quelques minutes après l'écroulement, dans un chaos de poussière blanche qui recouvre tout et tout le monde.
Il y a quelques mois, j'organisais une lecture collective dans la tour que vous voyez s'effondrer sur cette vidéo. Mais à tous les stades de la préparation, jamais ne m'étais imaginé à quel point ce que nous faisions était rempli de sens. "Lecture dans la tour avant destruction", ça sonnait bien, mais pas autant qu'après la destruction effective, quand ces lieux que nous avions investi ne sont plus aujourd'hui que des débris fumants.
C'est donc seulement aujourd'hui que je comprends ce qui s'est passé, et à quel point ce geste était proche de notre travail quotidien, en tant qu'organisateur et en tant qu'artiste... Apporter de la vie, des émotions, et du sens, dans des lieux condamnés à une prochaine destruction, et continuer à tourner, quoi qu'il arrive, même aveuglé par la poussière blanche.

Libellés : ,

10 février 2007

Cosmos

J'étais en train de ranger mes cartons.
Malencontreusement, j'ai mis un coup de pied dans le cendrier.
Il s'est mis à tourner tout en déversant la cendre en cercle.
Si j'avais voulu le faire, je n'y serais probablement pas arrivé.








Libellés :

23 janvier 2007

Beaubourg sur Yonne

Il aura fallu que surgisse, au milieu des pavés rectilignes et des poutres cruciformes, l'architecture tubulaire de cet engin, pour que je me rende compte à quel point cette ville fuyait les courbes, le métal et les couleurs. Au coeur du marron sur beige de ce secteur préservé, où l'archaïsme décide à la place des habitants de la couleur de leur maison, ce bleu profond était comme une bouffée vivante et les roues géantes, écrasant de leur poids la zone piétonne, la promesse d'un changement toujours possible.


Et j'en profite pour signaler que j'ai ouvert un compte sur Flickr, où je poste désormais régulièrement des photos, anciennes et nouvelles. Il ne s'agit en rien d'une recherche artistique, mais simplement de clichés personnels, d'une mémoire des choses faites et des lieux vus, sans prétention aucune. Si j'étais photographe, ça se saurait...

Libellés : ,

16 janvier 2007

Fog

Hier, en fin d'après-midi, une nappe de brume s'est abattue sur la ville.
C'était aussi mon état d'esprit général, un état d'aveuglement opaque.
Mon emploi du temps est un champ de mines, ma liste des tâches une rafale discontinue d'arme lourde qui gueule dans la nuit, et au milieu de ce champ de bataille, je ne trouve pas grand chose d'autre à faire que me planquer derrière un caillou criblé d'impacts ou courir au hasard sous le vol des balles perdues.
C'est ça que j'appelle l'aveuglement opaque, quand la situation générale vous interdit toute projection vers l'horizon, ne laissant entre vos mains que l'urgence de l'ici et du maintenant.

Ca n'est pas la première fois que ma position professionnelle est tendue, et que l'efficacité est impérative en un temps trop court. La différence, c'est qu'autrefois, j'avais toujours ce but parallèle, au travers de mes projets personnels, qui me permettaient de mettre en joue le futur, de me concentrer sur la respiration du sniper, avec la certitude qu'en temps voulu, je presserai la détente et donnerai son terme à une ph(r)ase.

Je suis au milieu du trait du calligraphiste dont je parlais hier, rampant lentement quelque part sur un tracé dont j'ignore l'aboutissement. Et sans la vision globale de l'idéogramme qu'on exécute, le trait lui-même perd tout sens, ainsi que le geste.
L'impératif pour moi, c'est donc d'arrêter les gribouillages, de savoir exactement quelle idée je suis en train de dessiner dans le miroir de mes actes multiples, parce que peindre la brume n'a d'importance que si la brume, ou la fumée, ou les émanations de chaleur, sont le sujet, comme dans "L'incendie de la Chambre des Lords" de Turner. Il est possible que le résultat de ces traits errants sans but sur un chassis sans limite consiste en un même brouillard, ou une même fumée, sans aucune différence plastique, déclenchant enthousiasmes et félicitations, mais ce ne seront alors que des éloges au hasard, et aucune satisfaction ne pourra alors me faire dire que j'ai une utilité, ou un talent, ou une quelconque maîtrise de ma voix.
Il me faut maintenant me concentrer, et éviter à tout prix d'être félicité pour une brume alors que je croyais dessiner une ville.

Libellés : ,

11 janvier 2007

marquage


c'est un lieu qui n'est pas un lieu, une tranche découpée du temps où j'ai cru un moment que personne ne me contrôlait, jusqu'à ce que je réalise que la route était droite, et qu'en dépit des pauses, et des aires, la voiture continuerait inéxorablement à me porter d'une servitude à une autre.

Libellés :

26 novembre 2006

Los Angeles... down town

Hier soir, vernissage de l'exposition "Sophie Calle - Histoires en scène" au Théâtre.
Projection du film "No sex last night" puis présentation des oeuvres exposées.
Pendant que défilait sur l'écran le paysage américain que traversait l'artiste et son compagnon de route, je me suis surpris à pousser un soupir tout en observant les quelques spectateurs. Aucun d'eux, bien sûr, ne se doutait de la longue et pénible aventure que j'avais vécu depuis une semaine.

***Flashback***

Jeudi 23 novembre à 14 heures
Je commence l'accrochage de la pièce maîtresse de cette exposition. Il s'agit de "Los Angeles", qui se présente sous la forme d'une fresque immense constituée de 41 cadres A4.
Les suggestions d'accrochage indiquent que ces cadres doivent être présentés collés les uns aux autres. Etant donné qu'il m'est interdit de planter des clous dans les murs du Théâtre, il faut trouver une autre solution. J'opte donc pour un adhésif très puissant qui vient de faire ses preuves pour l'exposition précédente et je fixe le polyptique au mur pendant près de 3 heures.
Sur le coup des 18 heures, je peux admirer l'oeuvre finie, couvrant sur le mur principal d'exposition une surface d'environ 5 mètres sur 1.
Il ne me reste plus grand chose à faire, et je rentre donc chez moi, prévoyant de terminer le lendemain matin.

Vendredi 24 novembre à 9 heures
Le téléphone sonne chez moi. C'est le directeur technique qui vient de découvrir le carnage. Il ne me dit pas grand chose, puisque de toute manière, j'ai déjà compris : L'adhésif n'a pas tenu, et lentement, tout au long de la nuit, les 41 cadres de "Los Angeles" sont tombés...
J'arrive au Théâtre en quatrième vitesse pour découvrir une scène de guerre.
Verre brisé, photos en vrac sur le sol, peinture arrachée sur le mur...
A ce moment-là, je ne sais pas si c'est la stupeur, le désespoir, ou bien l'indifférence totale, mais devant ce spectacle, ma première pensée n'est pas "comment je vais faire ?" ou "combien ça va coûter ?". Non, ma première pensée est autrement plus esthétique et je pense tout simplement : "Bon dieu que c'est beau."


Je ne suis pas vraiment un vandale, ou un Pierre Pinoncelli de province, et je ne crois pas que ce soit la cassure en elle-même qui me fasse cet effet-là, mais plutôt le résultat graphique de tout ça. Ce grand mur vide qui porte les stygmates infimes du passage de l'oeuvre, et au sol, c'est à dire exactement là où l'oeuvre ne sera jamais présentée, les projections de verre, et les longues félures qui soulignent les points de fuite des photos, entassées les unes sur les autres au gré du hasard.


A ce moment-là, je repense à un texte que j'ai écrit pour tommytommy le 22 septembre dernier, à Crash aussi, de Ballard, à ces personnages perdus qui ne puisent l'énergie de vivre que dans la collision, vénérant les séquelles de leurs accidents comme des marques de pouvoir, à l'adaptation que Cronenberg en a fait, laissant traîner sa caméra sur le verre pilé et la tôle froissée. Et quand je prends les photos de ce "Los Angeles" down town, je me sens dans la peau de Vaughn, mitraillant l'accident quelques minutes après qu'il ait eu lieu, avec la même fascination, et tout comme lui, aucune sensation de gêne ou d'immoralité.



L'épilogue de cette histoire, c'est que bien sûr, j'ai racheté les verres cassés, et que j'ai remonté l'oeuvre sur le mur, avec des clous cette fois, mais pendant ce vernissage, je continuais à me dire que les visiteurs ici présents manquaient une grande partie de ce que contient maintenant ce polyptique, de la violence dont il s'est gorgé et que mon action de réparation n'a fait que dissimuler. Et au fond je sais que même si l'oeuvre est désormais intacte, elle portera malgré tout avec elle la cicatrice de son crash avec le parquet brillant du Théâtre, une nuit de novembre, dans l'obscurité, sans témoin. Et puisque l'objet même de "Los Angeles" portait sur une question de Sophie Calle aux personnes qu'elle rencontrait : "où sont les anges ?", il n'y a aujourd'hui qu'une seule réponse qui me vienne à l'esprit : "ils tombent".

Libellés : ,

25 novembre 2006

Dans l'ombre

On décrochait les toiles de Christophe Robe qui étaient exposées au Théâtre depuis fin septembre.
Il était tôt et l'équipe pas encore présente. Seules les femmes de ménage passaient de temps en temps près de nous, seau et serpillère à la main.
On s'y est mis à deux pour décrocher l'un des immenses chassis qui représentait un scène d'ombre et de soleil, d'intérieur et d'extérieur, de ciel et de pierre.
C'est à ce moment-là qu'est passée une femme de ménage qui nous a dit :

- C'est dommage que vous la décrochiez. Je l'aimais bien celle-là.
- Ah oui ? Pourquoi ? j'ai demandé.
- Tous les matins je passais, et je la voyais, et je me disais que c'était mon balai, et que moi, j'étais dans l'ombre.
- Ah bon ? j'ai répondu, étonné. Mais pourquoi dans l'ombre ?
- Parce qu'il y a ceux qui sont dans la lumière, et ceux qui sont dans l'ombre, et la femme est toujours dans l'ombre. La femme, c'est une proie.

Je n'ai pas eu le temps de lui en demander plus, parce qu'elle est repartie tout de suite, avec son seau et sa serpillère, en baissant la tête, un peu comme si elle venait de s'aperçevoir qu'elle en avait déjà trop dit. Et en plus, il faut bien le reconnaître, il lui restait encore pas mal de boulot à faire...

Libellés :

08 juin 2006

Rêve #8

Cette nuit, je me déplacais au travers de constructions titanesques.

La première, c'était chez moi. J'avais un appartement dans un gratte-ciel de plusieurs centaines de mètres de haut. L'autre particularité de ce bâtiment était qu'il avait des ascenceurs transparents grimpants le long de sa façade extérieure. Pendant la durée de la montée, je peux découvrir, en plus du panorama imprenable, tout un réseau d'autres ascenceurs transparents et entremêlés fonçant à toute allure au dessus d'une ville futuriste.
Le temps de la montée est atrocement long et pour palier à ce temps inutilisé, les publicitaires ont eu la bonne idée de concevoir des panneaux-vidéos recouvrant le toit des bâtiments. C'est là que j'apprends que le réalisateur d'un film très attendu de Hollywood a volontairement sabordé la fin de son scénario de manière à ne pas être l'objet de séquelles ou d'adaptation sous forme de série télé.
J'apprends cette nouvelle en observant une sorte de lac de lave bouillonnante striée d'images en 3D sur le toit d'un immeuble. Je ne peux malheureusement pas expliquer le système qui me permet de comprendre cette news cinéma dans les volutes d'un lac de lave...

Changement de décor, plan large sur la planète Terre, et rapprochement rapide à la manière d'un zoom de Google Maps. Le zoom s'approche d'une montagne énorme au pied de laquelle il y a un petit temple bleu et blanc avec un dôme byzantin.
Moi, je marche doucement, vu du dessus, en direction de l'entrée du temple.
Tout ça est très perturbant. Tout cet espace, tout ce vide, et tout ce plein me remplit d'une sorte de terreur panique, mais bon, j'entre dans le temple.
Là, nouvelle frayeur quand je découvre qu'une gigantesque salle a été construite à l'intérieur de la montagne, laquelle est par conséquent creuse, vide de bas en haut.
Je suis un peu comme dans une cathédrale qui mesurerait un kilomètre de haut, et je peux à peine aperçevoir le sommet. Des silhouettes fugitives se promènent au loin (cf photo ci-contre).

La visite de cette montagne-bâtiment me prend un temps fou et je m'aperçois que c'est une sorte de lieu de prières, de réflexions et... de fête. Des gens très disparates errent dans les différentes salles, certaines énormes, d'autres minuscules, mais chacune plongée dans une pénombre constante.
Dans une sorte de galerie au plafond très bas et dans laquelle flottent de fins nuages de fumée, je vois une fille (que je ne connais pas en vrai) que je reconnais comme étant une journaliste.
Là, je sais pas pourquoi, mais je me mets à m'énerver contre elle.
Je lui dis :

"Le problème avec vous, les télévisions, c'est qu'il vous faut des images, et qu'une info avec images est toujours mieux traitée qu'une info sans images. Du coup, vos journaux télévisés ne sont plus organisés autour de la pertinence et l'importance de l'information mais selon la qualité des images à présenter !"

La journaliste dément, je lui mets un coup de pied au cul (véridique) et je me réveille.

Libellés : ,

29 mars 2006

Rêve #7

C'était une représentation de "L'Echange", de Claudel (je sais pas quelle version).
Elle avait lieu dans une sorte d'école désaffectée et les comédiens bougeaient de salles en salles, suivis par le public.
Il y avait aussi des danseuses dans le spectacles, genre petits rats de l'opéra en tutu.
Moi, je jouais le rôle de Charlie (qui n'existe pas dans la pièce de Claudel, d'ailleurs, mais bon, c'est un rêve).
Sur le programme de salle, toute la partie consacrée à Charlie était intitulée "Charlie et ses deux vies".
Je ne me souviens pas très bien de ma prestation, seulement d'une scène où je lancais un couteau sur un ami, et ce couteau se plantait dans son abdomen. Il fallait ensuite que j'explique en anglais à un médecin que la situation était urgente, tandis que celui-ci semblait s'en foutre. Le principal problème était que je ne savais pas dire "abdomen" en anglais.
Finalement, je pense que Charlie devait se faire lyncher, ou quelque chose comme ça, parce que je me souviens être étendu par terre en me disant que "ouf, c'est fini" pendant que le public déambulait autour de mon supposé cadavre.
La pièce s'est achevée et il y a eu beaucoup d'applaudissements.
C'est là que je me suis mis à pleurer à chaudes larmes, sans trop savoir pourquoi. Peut-être la pression qui retombait d'un coup après une prestation aussi longue et éprouvante.
En partant après la représentation, j'ai croisé des spectateurs qui m'ont demandé pourquoi ma partie s'appelait "Charlie et ses deux vies". J'étais un peu déconcerté parce que cela me paraissait évident. Et j'ai alors retrouvé le metteur en scène de la pièce, mais au lieu de me féliciter, il m'a engueulé parce que j'avais zappé une bonne partie du texte, et que cela n'avait pas seulement affecté le rôle de Charlie, empêchant au public de comprendre pourquoi il avait deux vies, mais j'avais surtout oublié un passage qui introduisait une nouvelle salle où devait continuer l'action.
En gros, j'avais à moi tout seul sucré la moitié de la pièce, la rendant parfaitement incompréhensible.
Il y avait ma famille, et des amis, mais j'ai préféré partir seul, à pieds, et un peu dépité.
Je ne parvenais pas à me souvenir de ce que j'avais fait. Tous les souvenirs liés à la représentation avaient disparu.
J'ai erré dans une sorte de zone industrielle pendant un moment, avant de me rendre compte que la décision de rentrer à pieds était complètement débile car j'habitais vraiment très loin d'ici.
Néanmoins, personne ne m'en avait empêché, car à ce moment-là, je crois que personne n'avait envie de ma compagnie.
J'errais encore dans la zone industrielle quand je me suis réveillé.

[Bon, ceci est un rêve. Mais pour rassurer ceux qui se demandent et qui n'étaient pas là le 23 mars lors de la représentation que j'ai donnée à Auxerre, elle s'est très bien passée, et je n'ai rien oublié. En revanche, il n'y avait pas de petits rats de l'opéra, et je n'ai pas pleuré.]

Libellés : ,

05 février 2006

Des amateurs d'art

Soldat de dos - Sylvie JaubertEtonnante, cette scène que j'ai vécue hier.
Au Théâtre, on accueille l'exposition de la peintre Sylvie Jaubert, intitulée "Peintures de guerre".
C'est un assemblage de toiles et dessins sélectionnés parmi cinq séries de la collection de l'artiste : "les figures masquées", "les poses", "les petits morts", les collages et "les soldats de dos" (illustration).
Je m'occupe hier d'ouvrir l'exposition dans le cadre d'une opération artistique qui réunit plusieurs lieux d'expo à Auxerre.
C'est l'occasion de faire découvrir le travail de Sylvie Jaubert à un public qui sans ça ne serait pas forcément venu au Théâtre.
Bref, en milieu d'après-midi, je vois arriver trois ados, genre 16/17 ans, habillés en treillis des pieds à la tête.
Première réaction : ils ont dû se tromper d'endroit, ou alors ils cherchent les toilettes pour une envie pressante, quelque chose comme ça...
Sauf que pas du tout.
Les jeunes commencent à visiter l'expo avec attention.
Je rôde autour, pour écouter ce qu'ils racontent, tout en me mettant mentalement un blâme pour avoir une fois de plus pensé que l'Humanité était vraiment trop prévisible et que des jeunes comme eux ne pouvaient évidement pas apprécier l'art, encore moins contemporain...

Elephant - Gus Van Sant"Oué, regarde le barillet. S'il est dans ce sens-là, c'est que c'est le deuxième modèle."
"Wooh ! Un M4A1 ! C'est de la fabrication américaine, ça..."
"Sa veste est trop classe. C'est quelle armée, à ton avis ?"


Et leur conversation continue sur le même registre tout au long de l'expo, toile après toile, dessin après dessin, ravis qu'ils sont devant toutes ces armes, ces trépieds et ces uniformes militaires.
En fait d'amateurs d'art, je m'aperçois donc que j'ai affaire à des amateurs de guerre. Jeunes néo-nazis, dingues de la gachette, Elephant-style, que sais-je, mais qui en tout cas comprennent l'exposition comme exactement le contraire de ce qu'elle est.
Après leur petit tour enthousiaste, ils viennent me voir et me demandent :
- Y'a que ça comme peintures de guerre, monsieur ?
- Heuuu... oui.

Leni Rifenstahl à Nuremberg en 1934Si à ce moment-là, on n'est pas en pleine crise de l'art, je sais pas où on est.
Une représentation donnée à voir, un second degré sous-entendu, et l'expo peut devenir, sans que l'artiste ne l'ait décidé à aucun moment, un objet de fascination du sujet-même qu'il est censé dénoncer. Et tout ça uniquement parce que l'artiste a cru au pouvoir de réflexion du visiteur et ne l'a pas pris pour un con en lui expliquant par A + B sa démarche...

On avait discuté de ça avec Sylvie Jaubert qui m'expliquait qu'au moment de la présentation de ces "soldats de dos", on l'avait taxée de peintre militariste. Elle et moi ne pouvions que balayer d'un revers de la main ce type d'accusations. Mais peut-être n'aurions-nous pas dû. Parce que de toute évidence, ces jeunes venaient voir cette expo comme ils auraient pu manger leur pizza devant "Tag der Freiheit - Unsere Wehrmacht" de Leni Riefenstahl.
Pour eux, le travail de propagande d'une associée au régime nazi et celui d'une artiste contemporaine apportant un regard décalé sur un sujet, sur une manière de représenter la guerre, ne faisait strictement aucune différence.
A aucun moment l'un d'eux ne s'est posé la question de savoir pourquoi les soldats étaient de dos, ou les visages masqués dans la série du même nom, pourquoi ce qui était à l'origine des photos de presse, ou des images télévisées devenaient ici de la peinture. A aucun moment le "pourquoi ?" ne se faisait plus pressant que le "quoi ?".
On a perdu un "pour" en route... Pour dire, pour dénoncer, pour en parler au lieu de se taire, tous ces pour qui nous font faire ce qu'on fait, évacués d'emblée parce que nulle part dans leur quotidien on ne leur demande de se poser la question, mais toujours de prendre comme argent comptant images et bavardages du flot médiatico-publicitaire.

Alors en ce qui me concerne, à ce moment précis, que faire ?
Leur donner un cours de réflexion artistique un samedi après-midi alors que tout ce qui les intéresse à ce moment est de savoir s'il s'agit d'un AK47 de fabrication russe ou bien israëlienne ?
J'ai fait mon choix et je ne me suis pas embarqué dans ce débat, préférant avoir foi, comme souvent, comme l'artiste que je présentais, en la réflexion humaine et la puissance de suggestion de l'art, espérant secrètement que l'un d'eux, peut-être pas tous, peut-être pas longtemps, après l'étude des armes et des uniformes, aurait au fond de lui le recul nécessaire pour aller plus loin que la simple représentation.
Je n'en suis toujours pas certain aujourd'hui, mais je crois que si j'étais intervenu à ce moment, mon didactisme aurait eu l'effet totalement inverse que ce que je voulais faire comprendre.
En revanche, les images qu'ils avaient vu ce jour-là allaient les suivre, le cadrage les questionner, à un moment ou un autre, et leur propre reflexion arrivant à ses propres conclusions sur l'oeuvre de Sylvie Jaubert aurait beaucoup plus de force que tout ce que j'aurais pu leur raconter/expliquer ce samedi après-midi.
Ainsi je crois fermement que c'est petit à petit, exposition après exposition, vidéo après vidéo, texte après texte, proposition après proposition, qu'une tendance peut s'inverser, et qu'on finira par tout changer, et finalement à convaincre tous ces jeunes que la meilleure solution pour exister ici n'est pas de prendre un Famas un lundi matin et de flinguer un par un tous leurs copains d'école avant de se brûler leur propre cervelle.
Jim Morrison disait "They've got the guns, but we've got the numbers".
Aujourd'hui, je crois que c'est le contraire.
Parce qu'ils sont nombreux, ceux qui sapent ce monde et ce qu'on pourrait en faire. Mais nous avons les armes.
Il faut juste ne pas cesser de les utiliser.

Libellés :

22 janvier 2006

Rêve #6

[J'ai fait ce rêve cette nuit et je me souviens m'être réveillé avec la furieuse envie de tout noter tellement il me semblait cohérent, scénaristiquement parlant, avec des unités de lieu et de temps relativement respectées, un début, une fin, etc. Malheureusement, je me suis rendormi et ne restent plus à cette heure-ci que quelques bribes de ce qu'était cette belle histoire.]

Tout commence dans un petit quartier résidentiel plutôt coquet.
Aurélie (mon amoureuse) m'a invité chez ses parents.
L'ambiance est un peu à la teen-movie américains. La maison ressemble d'ailleurs à toutes les maisons de films avec des ados dans la banlieue chic d'une grande ville américaine et de plus, il semble que les parents d'Aurélie hébergent temporairement une Américaine et ses deux enfants. Peut-être une sorte de jumelage, quelque chose comme ça.
Les parents ne sont pas au courant de ma présence, et je me fais plutôt discret.
Pourtant, il faut bien que je les rencontre et ça se produit dans la cuisine (américaine) où le plus petit des deux enfants américains est en train de dîner.
En signe de bonne volonté et de désir d'intégration, j'engage donc la conversation avec la mère américaine (en anglais) et je traduis ce qu'elle dit aux parents d'Aurélie.
Bizarement, je m'aperçois que la mère américaine ne comprend pas ce que lui dit son enfant, et du coup, je traduis aussi.
Si toute cette bonne volonté est appréciée, je sens quand même que l'ambiance est un peu lourde, que d'une certaine manière, je dérange, alors je préfère m'excuser et je sors.

Il fait nuit. Je n'habite pas loin, alors je rentre en courant.
Sur le chemin du retour, la route passe sous une sorte de pont, pas très long, sous lequel des clochards ont élu domicile (si je puis m'exprimer ainsi).
Mais il y a une grande agitation, et pendant que quelques clochards restent allongés sous leurs couvertures, d'autres poussent des cris et semblent chercher quelque chose sur la chaussée. Des passants et des voisins les ont rejoint et je comprends rapidement qu'il vient de se produire un accident. Un clochard a été renversé par une voiture et le pauvre homme a presque été pulverisé.
Une dame, surement une voisine, a pris les choses en main et demande à tout le monde de s'occuper du clochard très très très grièvement blessé (je vous épargne la description) et à toutes les personnes présentes de chercher sur la chaussée la moindre parcelle du monsieur (membre, peau, chair, os, etc.).
Pour ce faire, elle nous distribue des petits gobelets en plastique qu'il nous faudra donner aux secouristes quand ils arriveront avec l'espoir qu'ils réussiront peut-être à recoudre sur la victime le morceau qu'on aura retrouvé.
Il y a un sérieux litige sur l'origine de l'accident et des clochards un peu éméchés commencent à s'énerver après les non-clochards en leur disant qu'ils sont responsables.
Du coup, un peu plus tard, en plus des ambulances, ce sont des policiers qui arrivent et qui commencent à embarquer les fauteurs de trouble.
Je ne sais pas comment ça se passe, ça va très vite, mais je me retrouve emporté par le mouvement, on me prend pour un clochard et je suis expédié dans le fourgon avec les autres.

Pendant le trajet, je reconnais un policier. C'est VDB (pour ceux qui connaissent), un gars qui était à l'école avec moi. Un type toujours marginal, qui se faisait virer du collège tous les quatre matins parce qu'il se battait et insultait les profs. Il me reconnaît aussi, me salue. J'essaie de lui dire que je suis innocent, mais il ne me croit pas, ou fait semblant de ne pas me croire. Au fond de moi, je pense qu'il est trop content de se venger de toutes ces années où il a été le paria et moi le bon élève. Il paraît évident qu'il ne lèvera pas le petit doigts pour me faire libérer.

On arrive dans une sorte de prison préventive à ciel ouvert où des tas de gens attendent qu'on les interroge.
Ca ressemble à un jardin de club de vacances et je suis assez surpris de retrouver là plusieurs de mes amis d'enfance en train de fumer des joints, allongés sur la pelouse. Certains font la sieste, d'autres discutent, et j'ai beau dire que je suis innocent, que je ne faisais que filer un coup de main à des gens pour sauver ce SDF, ça ne semble pas vraiment le problème ici.

Comme la circulation dans cette prison semble assez libre, je décide donc de me rendre à un bâtiment de plusieurs étages où je sais que je pourrai trouver des policiers qui m'écouteront.
Je monte plusieurs escaliers et j'arrive à l'étage des interrogatoires.
Comme chez le dentiste, je découvre qu'il y a une salle d'attente car les policiers semblent très occupés.
A ma grande surprise, je vois aussi mon père dans la salle d'attente qui regarde en bas par la fenêtre ouverte. On discute un peu et il me demande si ça me paraît compliqué d'escalader cette façade. Pour lui montrer que non, je m'engage sur le rebord de la fenêtre et commence à descendre en m'accrochant à une gouttière.
Après quelques mètres de descente, je me dis que les policiers n'ont pas pris mon nom, donc si je m'échappe, personne n'en saura rien, et je ne serai même pas recherché.
Je descends un peu plus vite et j'arrive en bas.
J'essaie de paraître naturel mais je hâte quand même le pas parce que désormais, je suis un fugitif. Une fois tourné au coin de la rue, je me mets à courir pour trouver une cachette.

Il fait maintenant jour.
J'arrive dans un parc, style parc des Buttes Chaumont, avec lac artificiel et grandes haies d'arbres.
Il y a en particulier une longue haie de sapins très grands qui me paraît idéale pour trouver refuge et souffler quelques instants.
Je pénètre dans la haie et je commence à escalader un sapin, pour avoir une meilleure vue et vérifier si on m'a suivi ou si on me recherche.
Je ne vois pas de policiers, mais de l'autre côté du lac artificiel, je vois des familles avec des poussettes qui semblent faire leur balade du dimanche dans le parc.
Des haut-parleurs diffusent un morceau de musique classique [Note : que j'avais identifié en me réveillant cette nuit mais que j'ai maintenant oublié].
Je commence à m'inquiéter au moment où je m'aperçois que des tas de gens sont en train de me montrer du doigt un peu partout dans le parc. En fait, ils ne me voient pas mais ont remarqué que la cîme des sapins bougeait du fait de ma présence.
Pas paniqué, je me mets donc à faire bouger les sapins en rythme avec la musique classique. Des gens sortent leur camescope pour filmer ça. Ils pensent que c'est un spectacle, ou bien un phénomène naturel particulièrement étonnant.
A la fin du morceau, je descends des arbres et rencontre quelqu'un au pied, qui semble habiter dans cette haie. [Note : Même remarque. J'en savais un peu plus sur cette personne cette nuit, mais j'ai maintenant oublié.]
Je me rends dans le parc et je demande à l'une des personnes qui a filmé la danse des sapins de me donner la cassette en prétendant qu'il s'agissait d'une performance d'art contemporain.

Le temps passe et je réussis à faire éditer cette performance en DVD, ce qui me rapporte argent et notoriété.
Pourtant, un jour, je repasse près du pont où le clochard avait été renversé, et je tombe nez-à-nez avec VDB, le policier qui m'avait attrapé et qui était le seul à connaître mon nom, et donc à savoir que j'étais un fugitif.
Il m'arrête et m'emmène dans son bureau pour interrogatoire.
Là, je craque et lui raconte toute l'histoire, cette histoire que je viens de raconter, et mon argument principal, c'est de dire que me faire arrêter maintenant, au moment même où ma vie commence à être normale (?), où je ne suis justement plus hors-la-loi (??), c'est ne pas me laisser la chance que j'ai méritée (???).
VDB semble comprendre, et pour me faire une faveur, décide de ne pas m'inculper, mais seulement de me donner une contravention.
Je suis rassuré, mais avec un sourire en coin, VDB m'annonce tout de même que toutes les fautes de mon passé, même si elles n'entraînent pas de sanction, seront malgré tout inscrites sur mon casier judiciaire.
Et au même moment, derrière lui, des écrans de télévision s'allument, et sur toutes les chaînes, des flashs spéciaux annoncent, listes officielles à l'appui, les conneries que j'ai faites au cours de ma vie.
Je me réveille.

Libellés : ,