Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

22 octobre 2006

Une fois pour les morts

Hier soir, donc, avant-dernière représentation (pour moi en tout cas) de "Peu de risques d'inondation ce printemps au Manitoba".
Ca se passait au Théâtre de Villeneuve sur Yonne, une étrange petite salle que nous avons eu un peu de mal à remplir. Au total, ce sont environ 25 personnes qui ont fait le déplacement, un public d'un froid glacial tel que jamais nous n'avions pu l'expérimenter.



C'était une représentation spéciale, à plus d'un titre.
Ce qu'il faut savoir en préambule, c'est que cette ville est celle de ma famille. Mes grands-parents, paternels et maternels y ont vécu (et y vivent encore pour certains), mes parents s'y sont mariés, et dans mon imaginaire personnel, cette cité, recluse entre ses deux portes fortifiées du XIIe siècle, a toujours été pour moi celle de la visite dominicale aux ancêtres. Entrer ici, c'était entrer sur le territoire du passé, d'une histoire que je ne connaissais que par l'intermédiaire de photos jaunies sur lesquelles je n'apparaissais pas, ou bien bébé, ou dans le ventre de ma mère. Cette mythologie familiale s'est enfoncée toujours plus dans les brumes du temps à cause de deux événements particuliers. D'abord le divorce de mes parents, puis la mort de mes grands-parents maternels.

Ainsi cela faisait plusieurs années que je n'avais pas mis les pieds là-bas. A y réfléchir, je pense même que la dernière fois que j'y suis allé, c'était pour l'enterrement de mon grand-père, ce jour où nous avons ri derrière son cercueil qui traversait la ville, de l'hôpital, près de la Porte de Sens, au cimetierre, par delà la Porte de Joigny. Quelques années avant de mourir, il nous avait dit en effet que pour rien au monde il n'accepterait une cérémonie religieuse, et qu'au moment où son cerceuil passerait devant l'église, passage obligé du convoi funéraire, il fallait que nous l'imaginions en train de faire un bras d'honneur au curé. Ma mère, mon frère et moi nous sommes jetés un regard amusé ce jour-là, devant l'église de Villeneuve sur Yonne, parce que malgré la rigidité cadavérique que nous venions de voir dans la chambre froide de l'hôpital, nous savions qu'il était encore là, à ricaner avec nous.



Le théâtre de Villeneuve sur Yonne est installé dans l'ancien hôtel de ville, juste en face de cette église, à une dizaine de mètres, de l'autre côté de la rue et quand je suis arrivé hier, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à cette histoire. Plus encore, cette impression que j'avais eue le jour de l'enterrement, cette impression de vie après la vie, devenait d'autant plus présente que la ville se vidait littéralement. Les commerces fermaient, les habitants se pressaient de faire quelques derniers achats avant de disparaître, et au fur et à mesure que la nuit tombait, le calme envahissait les rues, et ne restaient plus, errants sur les trottoirs, que des fantômes dont j'étais le seul à sentir la présence.

Nous avons fait quelques bouts d'essai, pour tester l'acoustique et recaler quelques détails de la pièce, puis nous avons eu quartier libre. J'ai profité de ce moment pour m'éclipser et retourner voir la maison où avait vécu mon grand-père. Dans un premier temps, j'ai pensé aller au cimetierre, mais la nuit tombant, j'en ai déduit qu'il devait probablement être fermé, et puis après tout, mon grand-père était là, avec moi, depuis le début, alors cela importait peu d'aller me recueillir sur un morceau de marbre. Cette ville entière était sa tombe, et le seul fait d'être là suffisait à m'inspirer les pensées et les émotions qu'on ressent devant les sépultures.

Sa maison n'avait pas vraiment changé, vue de l'extérieur. Elle était simplement habitée par d'autres gens, des inconnus qui n'avaient pas du tout conscience que le débarras derrière leur habitation, dans la petite cour, était autrefois les toilettes de mon grand-père, auxquelles il n'avait jamais voulu faire installer l'eau courante, et dans lesquelles j'allais le dimanche, éclairé d'une lampe torche dont le halo caressait des reliques poussiéreuses et inquiétantes, fusils à plomb, vélos désossés, revues des années 60...
Il y avait de la lumière dans cette maison, et j'ai pu distinguer au travers des rideaux de la cuisine, une table à repasser dépliée. J'ai failli sonner, pour entrer, pour voir, mais pour découvrir quoi ? Un appartement comme un autre, sans plus aucune trace de l'incroyable fouillis de bibelots qui envahissait encore ma mémoire. Johnny Walker en plastique posée sur l'armoire de la chambre à l'étage, le sol recouvert de lino moisi par le temps, le plafond fissuré sous le poids du souvenir...
J'ai décidé de conserver toutes images au fond de moi, de ne pas les réactualiser, comme on écrase l'ancienne version d'un fichier, et je suis reparti.



Sur le chemin du retour, je suis passé devant le marché couvert de Villeneuve. C'était ce trajet que mon grand-père effectuait tous les jours de marché, saluant les commerçants et achetant au boucher ses sempiternels pieds, groin et oreilles de cochon. Collée sur les vitres opaque du bâtiment, il y avait une affiche annonçant ma pièce et j'en étais presque choqué, parce que deux mondes venait d'entrer en collision, deux mondes que j'imaginais définitivement séparés l'un de l'autre. Ma vie aujourd'hui, et celle que j'avais vécu, enfant, dans cette ville du dimanche. La réalité me rappelait que ce petit enfant qui errait dans ces rues il y a 20 ans, c'était bien moi, la même personne, et que le temps, malgré les apparences, ne sera jamais l'espace.

De retour avec l'équipe de "Manitoba", l'ambiance était pour le moins inquiète. Il était évident que nous n'allions pas attirer beaucoup de monde ce soir, peut-être même personne. Mais au fond de moi, je pensais que ça n'avait aucune importance, parce que je savais que mon grand-père était là, pas loin, et que la salle ne serait pas vide, quoi qu'il arrive. C'est d'ailleurs ce que j'ai dit à mes compagnons de jeu. "Peu importe combien de personnes sont dans la salle tout à l'heure, parce que ce soir, on joue pour les morts." Jean-Marie, dans sa grande sagesse, a interprété ces mots de belle manière, en rapprochant ce que nous faisions de toute l'histoire contenue dans ces murs, de toutes les compagnies passées avant nous. Mais ça n'était pas ce que je voulais dire, et pendant la pièce, quelques minutes plus tard, j'ai pris un instant pour sortir de ma concentration, et imaginer, derrière un éblouissant projecteur fixé au balcon, la silhouette bienveillante de mon grand-père. De toutes les personnes réunies ici, mortes, froides, insensibles, il était le seul à rire aux jeux de mots du texte, aux touches d'humour noyées dans la désespérance du sujet. Quand la salle entière restait étonnament silencieuse et sans réaction, comme une armée de fantômes tristes nous observant gesticuler sans rien y comprendre, je pouvais l'entendre ricaner, comme je l'avais entendu le jour de son enterrement, un ricanement chaleureux et rassurant, par delà le temps, et par delà la mort.

De l'avis de tous, c'était notre meilleure représentation, malgré le peu de public, malgré l'accueil frigorifique, et moi, je suis le seul à savoir pourquoi.
C'est simplement parce qu'hier soir, et comme je l'avais demandé, ça n'est pas pour les zombies qu'on a joué, c'est pour les morts.

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21 octobre 2006

Avant-dernière

Je rappelle aussi pour ceux qui auraient oublié que ce soir à 20 h 30 au Théâtre de Villeneuve sur Yonne, la compagnie du Taltrac joue ma pièce "Peu de risques d'inondation ce printemps au Manitoba".
Mise en scène : Jean-Marie Perret
Avec : Jérôme Clerc, Clotilde Vuillemin, Bruno Sevestre et moi-même.

[Pour l'ultime séance de rattrapage, ce sera vendredi prochain, le 27, à la bibliothèque de Charbuy (89), à 20h30 aussi.]

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Dexter

Il m'a fallu un peu de temps pour me faire une réelle opinion, mais maintenant, c'est sûr. La meilleure série télé US de la rentrée, c'est sur le cable qu'il faut aller la chercher. Ca s'appelle Dexter, et ça passe sur Showtime.
Déjà il y a l'histoire, basée sur un roman de Jeff Lindsay. Pour faire vite, il s'agit de la vie de Dexter Morgan, spécialiste du sang à la police de Miami (si je me souviens bien), mais là où on sort complètement du registre "CSI : Les Experts", c'est que ce brave Dexter occupe aussi son temps libre en tant que serial-killer.
Plastiquement, la série est vraiment superbe et la profondeur des personnages, à commencer par le héros, est d'une qualité irreprochable.
Après seulement 3 épisodes, je suis totalement fan et si ça continue comme ça, on tient un gros gros événement télévisuel, dans la lignée des Profit et autres Twin Peaks. [A voir tous les dimanche soirs sur Showtime.]

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16 octobre 2006

tommytommy

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13 octobre 2006

Le Guide Ultime de la Vie

Oh oui, mes amis, je le vois. Tous les jours je peux l'observer, ce mouvement titanesque qui ébranle la Toile, sur laquelle des populaces transies de froid et d'oppression fiscale se jettent afin de trouver une réponse aux grands mystères de l'existence. Ainsi oui, mes amis, tous les jours les queries s'accumulent dans mon outil de statistiques de fréquentation et je ne peux ainsi que m'emplir de compassion devant la somme indicible de questions cruciales ainsi jetées en pâture aux robots mignons de Google.

Je ne le cacherai pas plus longtemps, car les plus fins d'entre vous l'ont compris, se frottent les yeux, mais ne rêvent pas, OUI, c'est bien le retour du "TOP 10 des Queries les plus débiles".

Mais attention, il y a du nouveau, car je suis abattu, oh oui, abattu vous savez par la détresse du monde et j'ai décidé qu'il me fallait désormais faire quelque chose. Car les réponses, dans ma grande sagesse et mon incommensurable culture, je les connais. Oui, messieurs dames, LES réponses, TOUTES les réponses à toutes ces questions posées par le peuple benêt et par moteurs interposés, je les connais (sinon pourquoi Google enverrait les gens vers moi après tout ?). Ainsi contrairement à Jacques Delors en 2000, qui a laissé lâchement le pauvre petit Jospin foncer au casse-pipe, je vais prendre mes responsabilités et y répondre.

Autrefois Top 10, ce top des queries deviendra donc, à terme, je le crois sincèrement, un véritable Guide Ultime de la Vie contenant toutes les réponses à toutes les questions que le monde francophone se pose.

En avant, fiers compagnons. Voici les 10 premières réponses aux questions posées à Troudair via Google (je précise s'il est besoin que ces queries sont véridiques) :

1- j'ai oublié de prévenir la sacem
Je comprends ton inquiétude.
Mais rassure-toi, cher lecteur, car si tu oublies la sacem, elle ne t'oublie pas, et tu ne tarderas pas à entendre parler d'elle et de ses sbires si jamais ta fille de 5 ans a organisé une boum dont les ritournelles enfantines ont percé par inadvertance la porte du garage.
Il faut en effet savoir qu'en tant qu'organisme privé sans scrupule, la sacem (ainsi que son jumeau sacd) sillonne la France pour allumer froidement, le tout sous couvert de protection des auteurs (Jean-Jacques Goldman, Lara Fabian, Patrick Bruel, etc.), tous les infidèles qui auront le malheur de diffuser de la musique gratuitement. Ce gigantesque quadrillage héxagonal, ainsi que la lecture quotidienne des comptes-rendus de fêtes de village, foires au boudin et autres radio-crochet, coûte très cher, et la sacem a plutôt intérêt à se démener afin de couvrir ses inestimables frais de fonctionnement.
Pour en savoir plus, je te conseille donc la lecture du très instructif "Main basse sur la musique" de Irène Inchauspé et Rémi Godeau, qui même s'il est écrit par des cochons de droite, te révélera tous les rouages de cette société illégale.

2- le problème n'est pas expriment deleuze
Je crois comprendre par cet intitulé hésitant que ton problème est l'expression. Ecrite d'abord, orale peut-être. Malheureusement, il est un peu vain d'invoquer Gilles Deleuze pour résoudre ton problème, car le pauvre homme, nous sommes forcés de le reconnaître, possédait lui aussi quelques soucis grammaticaux tout à fait observables dans des structures de phrases telles que "C'est quoi qu'il veut nous dire là Bergson ?" Pour vérifier cette affirmation qui te surprendra peut-être, il te suffit d'écouter les 6 CD que Gallimard vient de sortir, lesquels te déculpabiliseront, et t'en apprendront par ailleurs de belles sur Dreyer, Eiseinstein, ou encore ce tâcheron de Visconti.
Enfin, si tu éprouves encore quelques difficultés, il faudra te tourner vers un bon vieux Bescherelle associé au coffret DVD saison 12 des JT de Claire Chazal.

3- comment faire paraitre une piéce plus grande
C'est très simple. Il suffit de la remplir d'une grande quantité d'objets miniatures. C'est d'ailleurs de cette manière que notre futur président Nicolas Sarkozy a réussi à faire croire à tous les français pendant très longtemps qu'il était plus grand que Frodon.


4- comment etre imprevisible
J'aurais envie de dire "en commençant par ne pas poser des questions à la con à un moteur de recherche", mais ce serait un peu méchant.
En fait, pour être imprévisible, il convient d'abord de se connaître soi-même. Cette phrase "connais-toi toi-même" a d'ailleurs été inventée par un animateur de télévision dont j'ai oublié le nom et l'émission, mais qui a fait date depuis. En effet, en te connaissant toi-même, tu peux ainsi beaucoup mieux savoir les choses que tu vas dire ou faire dans les minutes ou jours à venir. Fort de cette connaissance, il te suffira donc de te borner à faire le contraire, et le tour sera joué !

5- aujourd'hui c'est mon anniversair souhaitez moi quelque chose s'il vous plaît
Je te souhaite un bon anniversaire, une grande réussite dans toutes les actions que tu entreprendras en bourse, à toutes les entreprises que tu délocaliseras à Djakarta, à tous les licenciements abusifs que les prud'hommes ne remarqueront pas, ainsi qu'à toutes les magouilles que tu auras réussi à combiner pour obtenir des marchés publics au nez et à la barbe des concurrents honnêtes, car je crois sincèrement que pour en arriver à taper ça dans Google, il faut être la pire teigne ultra-libérale que la Terre ait jamais portée.

6- écouté celin dion
Je comprends que les oeuvres du compositeur baroque Célin Dion soient difficiles à trouver sur le web, mais rassure-toi, car je suis moi-même un grand admirateur de ses célèbres motets. Contre la modique somme de 899€ HT, je peux ainsi te faire parvenir ma collection de vinyls des plus grandes oeuvres de cet esthète du clavecin, de la voile et de la vapeur.
Si en revanche, tu as simplement oublié un "e" à Céline Dion, alors je ne peux vraiment rien faire pour toi car tu es vraiment trop con.

7- reves definition panthere noir
Ta question tombe on ne peut mieux, car j'ai justement rédigé il y a quelques années un dictionnaire des rêves que tout un chacun peut aujourd'hui trouver dans les rayons de son magasin France Loisirs préféré.
Si néanmoins, tu ne parviens pas à te le procurer (il est souvent épuisé, la soif d'interprétations des français concernant leurs fantaisies nocturnes étant inextinguible), je vais ici te retranscrire la page 356 qui traite justement des rêves de panthères noires :
Si vous rêvez d'une panthère noire, cela ne veut strictement rien dire en soi. Il convient en effet de savoir avec précision ce que (vous) fait exactement le félin à l'intérieur de votre rêve.
Pour ne citer que ces exemples, si la bête reste dans son coin à se lécher les babines en fixant avec délectation le dernier livre d'Amélie Nothomb (peu importe lequel après tout), alors cela signifie que vous vous êtes endormis en regardant "La légion saute sur Kolweizi" et qu'un rendez-vous d'affaire vous tracasse au point de tuer le premier venu en sortant de chez vous demain matin.
Si en revanche, la panthère s'approche de vous et vous dit avec la voix de Lionel Jospin "je ne prends pas mes responsabilités et je ne me retirerai jamais de la vie politique, bande de gros cons", alors c'est que vous vous êtes endormi en lisant un livre d'Amélie Nothomb (peu importe lequel). Si enfin, vous rêvez d'une panthère noire coiffée comme Amélie Nothomb, avec son même regard de prêtresse aztèque qui vient d'éviscérer un fidèle consentant, et qu'en plus, elle répond aux questions de Guillaume Durand, alors reprenez vos esprits, car vous ne rêvez pas. Vous regardez simplement la télé.


8- que faire pour réconforter une personne choque
Surtout, ne pas s'approcher, car c'est connu, la personne choque, a pique (hum).
Plus sérieusement, une personne choque (j'entends "d'éthnie choque", cette brave peuplade du nord-ouest oriental de la Patagonie) est réputée pour sa farouchité, voire dans les cas extrêmes, sa franchement pas commodite. Il faut donc penser que d'une manière générale, la personne choque n'a pas besoin de réconfort, car elle se débrouille très bien elle-même. Elle dispose en effet de tout un attirail païen de rites bizarres et de cérémonies sexuelles lui permettant de parer avec efficacité à tous les aléas de la vie. Si néanmoins vous vous sentez pris du furieux besoin de passer pour un sauveur et que vous vous êtes fait virer de Greenpeace ou d'Amnestie International, souvenez-vous bien que pour tout ce qui touchera à la personne choque, vous ne serez un sauveur qu'à vos propres yeux. De son côté, la personne choque, au mieux, vous considérera avec mépris et continuera à limer avec vigueur son assistant rituel, au pire, vous engagera pour un contrat religieux à durée indéterminée qui n'aura rien d'une partie de plaisir...

9- est ce qu'une chimio peut provoqué une crise cardiaque
Voilà une question épineuse à laquelle un jeune menuisier de Carcassone m'a déjà sommé de répondre par e-mails interposés. Et bien voilà, Jean-Philippe, je vais enfin accéder à ta demande et déclarer ici avec vigueur que OUI, une chimio peut provoqué une crise cardiaque ! La raison médicale est très simple à comprendre. Une crise cardiaque est en effet ni plus ni moins qu'un dysfonctionnement brusque de la cardiaquie, ce petit organe mou situé juste à la pliure du bras droit. Au cas où par malheur, une chimio, c'est à dire la femmelle du chimius, cétacé quintipède d'Afrique moyen-océanique, venait à approcher un humain aux shakras démesurément ouverts (à cause d'un grille de sudoku ou encore d'une lobotomie), alors son 9ième sens protéïnaire agirait directement sur la cardiaquie pour provoquer une crise grave entraînant dans la plupart des cas observés un déréglement général de toutes les fonctions cognitives associées à la perception des couleurs politiques. Les études du professeur Boursus, de l'université taxidermique de Verdun a mis en évidence ce terrible mal et la conclusion catastrophiste de son mémoire précise que dans 99,2% des cas, on peut observer avec consternation que des gens de gauche s'apprêtent sans scrupule aucun à voter pour Ségolène Royal ! Dingue.

10- questions existentielles les plus débiles
Nous sommes bien loin d'avoir fait le tour, très cher ami !
Et à bientôt, donc, pour un nouveau chapître du Guide Ultime de la Vie.

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12 octobre 2006

Pré-campagne



(un lien chopé chez AEIOU pour l'ouverture de leur tout frais blog Politique... attention les yeux)

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06 octobre 2006

L'islam est une religion de merde

C'est un titre volontairement provocateur pour justement parler de provocation.
Depuis quelques semaines (que dis-je... depuis le 11/09/01 ?), on peut assister à la recrudescence de ce type de discours, et ce dans des cercles qu'on croyait épargnés par les jugements à l'emporte-pièce.
Alors comme tout ça me révolte profondément, je vais essayer de procéder par ordre et remettre quelque peu les pendules à l'heure.

Trois affaires récentes ont fait dire vraiment tout et n'importe quoi aux intervenants publics et aux médias, lesquels ont bien pris soin d'occulter quelques évidences qu'il est bon de rappeler.
Il s'agit premièrement de l'affaire des caricatures de Mahomet, suivie des déclaration du général en chef des cathos Benoit XVI, et enfin de la tribune publiée par le prof de philo Robert "la philo selon philippe" Redeker dans le Figaro.

Ces trois grands dossiers de l'année 2006, d'après les médias, nous indiqueraient que l'islam est un repaire d'intolérance, impossible à critiquer, sous peine d'émeutes et de menaces de mort. Cette semaine, sur France Culture, un éminent expert dont j'ai oublié le nom disait ainsi que "si on accuse l'islam d'intolérance, les islamistes répondent par des menaces de mort".

Alors mon propos ici ne consiste absolument pas à 1- remettre en cause la liberté d'expression ou 2- justifier les menaces de mort. Il s'agit simplement de mettre tous ces crétins en face de leur responsabilité.

En théorie, un intellectuel est censé nous apporter, à nous le peuple imbécile, des points de vue différents et éclairant en fonction de données qui nous auraient échappées. Dans ces trois cas, le point de vue super éclairant apporté n'est rien d'autre qu'un lieu commun ("l'islam c'est pas bien"), et la seule trace d'intelligence de Benoît XVI et de Robert Redeker serait leur supposée connaissance du Coran. On nous cite ainsi des sourates censées démontrer le caractère hautement guerrier et haineux de la religion musulmane. A aucun moment, ces sourates ne sont replacées dans leur contexte historique et social, ce qui serait tout de même la moindre des choses pour un érudit qui se respecte. A aucun moment non plus, on ne démontre les évolutions de l'interprétation du Coran au coeur même des sociétés islamistes les plus franchement radicales de la planète, comme l'Iran ou le Nigéria par exemple. Car contrairement aux lieux communs et à la pensée purement raciste qui règne dans nos contrées occidentales, ces évolutions EXISTENT, et même les Talibans utilisaient la Charia en fonction de leur interprétation.

L'interprétation, c'est là où je voulais en venir.
Car tout n'est qu'interprétation. Ca paraît bête à dire, comme ça, mais c'est vraiment le fond du problème, et prendre un texte vieux de 14 siècles pour en pointer les "horreurs" est scientifiquement aussi stupide que de juger selon nos critères modernes la relation de Monsieur Croc Magnon avec Madame Croc Magnon.

Et tiens d'ailleurs... puisque ces grands théologiens s'acharnent sur le Coran, pourquoi ne pas le faire, nous aussi, mais sur un autre grand texte d'intolérance, à savoir la Bible ?
Benoit XVI, j'ose l'espérer, est au courant des paroles proférées par les prophètes, puis par le Fils de Dieu en personne. Pourquoi n'applique-t-il donc pas sa brillante analyse à un sujet qu'il connaît encore mieux ?

Amusons-nous donc... et jouons aux cons, comme Benoit et Robert l'ont fait.

Ca commence par l'Ancien Testament, et une partie en particulier, à savoir le Deutéronome.
Pour résumer, le Deutéronome, dans l'Ancien Testament, n'est rien d'autre qu'une sorte de Charia, un texte de loi venu directement de Dieu, et qui bien entendu, ne s'embarasse pas de décrets. Seul Jésus aura le droit d'amender certaines lois, mais nous verrons ça plus tard.

Dans le Deutéronome donc, Moïse nous apprend quelques détails instructifs sur la meilleure manière de servir Dieu. Accrochez-vous, et dites-moi si ça vous rappelle quelque chose :

14:4 Voici les animaux que vous mangerez: le bœuf, la brebis et la chèvre;
14:5 le cerf, la gazelle et le daim; le bouquetin, le chevreuil, la chèvre sauvage et la girafe.
14:6 Vous mangerez de tout animal qui a la corne fendue, le pied fourchu, et qui rumine.
14:7 Mais vous ne mangerez pas de ceux qui ruminent seulement, ou qui ont la corne fendue et le pied fourchu seulement. Ainsi, vous ne mangerez pas le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent, mais qui n'ont pas la corne fendue: vous les regarderez comme impurs.
14:8 Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue, mais qui ne rumine pas: vous le regarderez comme impur. Vous ne mangerez pas de leur chair, et vous ne toucherez pas leurs corps morts.


C'est un bon début, n'est-ce pas ? Mais continuons, là où ça devient encore plus intéressant.

22:5 Une femme ne portera point un habillement d'homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme; car quiconque fait ces choses est en abomination à l'Eternel, ton Dieu.

Il est évident que ce commandement a quelque peu été oublié par un nombre important de croyants, trop occupés à suivre les tendances automne-hiver de Christian Lacroix...
Mais bon, ce ne sont que des détails, entrons dans le vif du sujet de ce texte suintant d'amour et de paix.

22:13 Si un homme, qui a pris une femme et est allé vers elle, éprouve ensuite de l'aversion pour sa personne,
22:14 s'il lui impute des choses criminelles et porte atteinte à sa réputation, en disant: J'ai pris cette femme, je me suis approché d'elle, et je ne l'ai pas trouvée vierge,
22:15 alors le père et la mère de la jeune femme prendront les signes de sa virginité et les produiront devant les anciens de la ville, à la porte.
22:16 Le père de la jeune femme dira aux anciens: J'ai donné ma fille pour femme à cet homme, et il l'a prise en aversion;
22:17 il lui impute des choses criminelles, en disant: Je n'ai pas trouvé ta fille vierge. Or voici les signes de virginité de ma fille. Et ils déploieront son vêtement devant les anciens de la ville.
22:18 Les anciens de la ville saisiront alors cet homme et le châtieront;
22:19 et, parce qu'il a porté atteinte à la réputation d'une vierge d'Israël, ils le condamneront à une amende de cent sicles d'argent, qu'ils donneront au père de la jeune femme. Elle restera sa femme, et il ne pourra pas la renvoyer, tant qu'il vivra.
22:20 Mais si le fait est vrai, si la jeune femme ne s'est point trouvée vierge,
22:21 on fera sortir la jeune femme à l'entrée de la maison de son père; elle sera lapidée par les gens de la ville, et elle mourra, parce qu'elle a commis une infamie en Israël, en se prostituant dans la maison de son père. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi.
22:22 Si l'on trouve un homme couché avec une femme mariée, ils mourront tous deux, l'homme qui a couché avec la femme, et la femme aussi. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d'Israël.
22:23 Si une jeune fille vierge est fiancée, et qu'un homme la rencontre dans la ville et couche avec elle,
22:24 vous les amènerez tous deux à la porte de la ville, vous les lapiderez, et ils mourront, la jeune fille pour n'avoir pas crié dans la ville, et l'homme pour avoir déshonoré la femme de son prochain. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi.
22:25 Mais si c'est dans les champs que cet homme rencontre la jeune femme fiancée, lui fait violence et couche avec elle, l'homme qui aura couché avec elle sera seul puni de mort.
22:26 Tu ne feras rien à la jeune fille; elle n'est pas coupable d'un crime digne de mort, car il en est de ce cas comme de celui où un homme se jette sur son prochain et lui ôte la vie.
22:27 La jeune fille fiancée, que cet homme a rencontrée dans les champs, a pu crier sans qu'il y ait eu personne pour la secourir.


C'est beau, l'amour, non ? Et on a aussi là une intéressante conception du viol...

Mais à ce point de la démonstration, bien sûr, on pourra me reprocher de ne parler que de l'Ancien Testament, qui ne fait autorité que pour la religion juive pour laquelle il porte le nom de Tora. Les chrétiens en général, et catholiques en particulier, ont plutôt tendance à focaliser sur le Nouveau Testament, témoignage direct de la parole de Jésus, et soit disant message de paix et d'amour.
Bon alors, mettons tout de suite les choses au point.
Oui, Jésus a dit :

Jean 15:11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
Jean 15:12 C'est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Jean 15:13 Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.


Mais attendez... parce qu'après 15:13, il y a aussi 15:14...

Jean 15:14 Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.

Oula... pas commode le Jésus. On est là bien loin de "l'autre joue" pour le coup, et plus proche du chef de guerre irrascible et belliqueux décrit par Pasolini dans son "Evangile selon Saint Mathieu"...
Et d'ailleurs, puisqu'on parle de Mathieu, celui-ci n'est d'ailleurs pas en reste pour décrire la rage guerrière de son Messie :

Mathieu 13 (de 37 à 42)
Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme ;
le champ, c'est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l'ivraie, ce sont les fils du malin ;
l'ennemi qui l'a semée, c'est le diable ; la moisson, c'est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
Or, comme on arrache l'ivraie et qu'on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde.
Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.


Oué, oué, c'est bon, ok Jésus, calme-toi, on peut discuter ! C'est cool !

Jean 15 (4 à 6)
Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi.
Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche ; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent.


Ah nan, mais je te dis, c'est cool, reste tranquille. C'est juste un petit post sur un blog, rien de méchant, quoi. On va pas s'énerver pour ça quand même.
Oui, bon, c'est vrai, je suis athée, et je crois pas en toi, ni en rien du tout d'ailleurs, mais on va pas en faire un plat. Le catholicisme est plein de tolérance, nan ? Pas comme ces barbares de musulmans qui veulent tuer tous ceux qui pensent pas comme eux, c'est pas vrai ?

Luc 19 (26, 27)
Je vous le dis, on donnera à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a.
Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence.


Ah oué... ok, c'est sûr que vu comme ça...
Bon beh j'ai rien dit alors.
Mais alors est-ce que je dois en conclure que la religion catholique est une religion de haine qui incite à la violence ?
Oui, en effet, si j'étais un gros crétin, c'est effectivement ce que je penserais.
Sauf que honte à moi, j'aime à relier les textes à leur contexte. Et j'aime à penser qu'aucune parole n'est figée mais qu'elle se déplace et évolue selon l'interprétation qu'on en fait.

Tout ça pour dire que oui, il y a dans le Coran des traces d'incitation à la violence contre les infidèles... tout comme il y en a dans la Bible, ainsi que dans la Tora.
Le fait de pointer ces passages comme je viens de le faire pour les deux autres grands textes monothéistes est une pure mauvaise foi, où l'on voit enfin le sens de cette expression. Je me suis livré à cette mauvaise foi, et n'importe qui peut le faire, et ça n'est sûrement pas ça qui fera progresser quoi que ce soit.
Ce qu'ont fait Benoit XVI et Bob le gentil prof opprimé n'est donc rien d'autre qu'une pure provocation totalement irresponsable.
Ce qui me révolte encore plus est que cette provocation n'est jamais dénoncée comme telle par les médias français et plus généralement occidentaux. On y réfléchit au contraire aux sourates concernées et à la pertinence de ce jugement, à grand renfort d'experts et de spécialistes en costard. Ce qu'on oublie systématiquement, et de mon point de vue, à dessein, c'est de préciser que ces déclarations reviennent tout simplement à dire à des peuples déjà submergés par un sentiment d'infériorité "non seulement on vous colonise, on envoit nos armées surpuissantes pour vous écraser, mais en plus, on démontre avec des arguments fallacieux que votre religion, tout ce en quoi vous croyez, est minable". Et bien entendu, après ça, on s'étonne de ne pas trouver en ces peuples une certaine tolérance face à la provocation.
Tout ceci est simplement odieux, et j'espère que ce petit post contribuera à faire ouvrir les yeux à quelques profs de philo.
En ce qui concerne le pape, par contre, on peut toujours rêver, et il faudra encore se coltiner longtemps les propos d'un type qui incite ni plus ni moins qu'à une guerre de religion.

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