Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

25 septembre 2007

Cultures

"Je voudrais savoir lequel est le pire, ou d'être violée cent fois par des pirates nègres, d'avoir une fesse coupée, de passer par les baguettes chez les Bulgares, d'être fouetté et pendu dans un auto-da-fé, d'être disséqué, de ramer en galère, d'éprouver enfin toutes les misères par lesquelles nous avons tous passé, ou bien de rester ici à ne rien faire ?"

C'est par cette grande question posée par Voltaire dans "Candide" que j'inaugure aujourd'hui une nouvelle rubrique de ce blog, la rubrique "botanique", d'abord parce que c'est vachement mieux que "il faut cultiver notre jardin", et ensuite parce que celui qui s'est déjà penché sur le sujet un jour comprendra tout à fait ce que cette cruche de Cunégonde ne comprendra jamais : cultiver son jardin est exactement le contraire de ne rien faire.
Cela faisait quelques temps que me trottait dans la tête cette idée d'engager les cultures, et de me confronter au monde végétal dont j'avais l'intuition des enjeux sans vraiment les comprendre.
Lors de l'écriture du texte "C'est ma peau contre la vôtre", en 2000, je trouvais déjà le moyen de placer en exergue une citation de Karel Capek, tirée de "L'année du jardinier", un livre qui résume parfaitement mon sentiment vis à vis des plantes depuis peu.

"Et alors, mon garçon, vous verriez que les nuages ne sont ni si divers, ni si beaux, ni si terribles que la terre qui est sous vos pieds."

Il faut du temps, et de la maturité pour devenir ne serait-ce que jardinier amateur. Il faut une condition d'esprit retirée, et calme, et dénuée de toute précipitation, pour faire épouser son rythme à celui de la verdure. Tout simplement parce que se confronter au monde végétal, c'est se confronter à notre propre qualité éphémère d'être humain, à notre condition mortelle, au fait que ces végétaux que l'on plante, pour certains, nous survivront, et survivront à nos enfants, et aux enfants de nos enfants, et que cette acceptation est de plus en plus difficile à ressentir dans les sociétés accélératrices où nous frayons, et où il devient agaçant de ne pas avoir tout et tout de suite, agaçant d'attendre et de perdre ce précieux temps dont il est admis qu'il est de l'argent.

Cultiver, c'est faire l'expérience de cette attente, et caler sa patience sur celle des saisons, sans jamais aucun résultat immédiat, avec souvent l'obligation de ne rien faire pendant un an avant de savoir si ce petit geste exécuté aura un effet positif ou négatif sur la plante qu'on essaie de faire survivre. Cultiver, c'est renoncer à la résolution immédiate, et ralentir de force sous peine de déception, autrement dit l'exact opposé de nos habitudes actuelles, qui nous poussent à accélerer afin de ne pas risquer d'être dépassé.

Je crée donc cette rubrique pour vous parler de ce que je ressens en m'occupant de ces plantes, et aussi tout simplement pour les montrer, et peut-être élargir un peu le public de ce blog constitué à 90% par des crétins qui cherchent des photos de Michel Sardou.

A très bientôt donc, avec un peu plus de verdure.

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3 commentaires:

À 27 septembre, 2007 21:40 , Blogger c.h. a dit...

Grégoire il me semble évident que tu te dois donc d'isoler 10 % de tes plantes et de leur passer du Michel Sardou à heures régulières pendant un an pour étudier leurs réactions. Le "Sardou & photosynthèse excitability project" en quelque sorte

 
À 29 février, 2008 13:21 , Blogger Rapide Sherpa a dit...

Je suis déçue.

En lisant, je me suis dit "ah, enfin un qui a compris" et puis, j'ai cru pouvoir cliquer sur des tas de trucs, mais non : rien n'a poussé depuis septembre 2007.

Ca a été l'hiver, d'accord, mais quand même... là, maintenant, ça s'agite sérieusement chez les plantouilles.

Cédé aux sirènes impatientes ?

 
À 29 février, 2008 14:34 , Blogger Troudair a dit...

En effet, chère Serpa.
Rien depuis septembre... pour deux raisons.
La première, c'est que mon temps a été pris par l'écriture quotidienne d'un autre blog (coïncidence étonnante, j'y parle de botanique ce matin-même !).
La seconde, c'est que mon projet de texte en lien avec la botanique est en cours d'écriture et qu'il prend une forme moins parcellaire que je ne l'imaginais. Donc en publier seulement des petits morceaux gâcherait le plaisir.
Mais en effet, le printemps est déjà là... et tout s'agite aussi chez moi. Nul doute donc que cette rubrique reprendra des couleurs d'ici peu.
Merci en tout cas d'avoir pensé à vérifier !

 

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