Sur le bout de la langue

C'est fin, presque imperceptible, et peut-être même que ça n'existe pas, mais je crois qu'il existe dans chaque blog deux niveaux de lecture au moins.
On ne peut se rendre compte de cette particularité que si on écrit soit même un blog, ou toute autre objet littéraire public (mais puisque nous sommes peu ici à être édités chez Gallimard, mieux vaut s'en tenir au blog pour l'exemple).
Le blog est une activité qui se veut intime mais... publique.
Bien sûr, de nombreux exemples existent du détournement de ce but initial (en particulier pour les blogs collectifs, on comprend pourquoi), mais pour 90% des blogs d'aujourd'hui, il s'agit purement et simplement de journaux intimes, qu'on décide de mettre en ligne. Je ne vous apprends rien.
Seulement mettre en ligne ses pensées provoque parfois des cataclysmes. Si ces pensées s'en tiennent à donner son avis sur telle ou telle information, telle émission de télé ou tel autre album de musique, tout va bien. Mais dès qu'on entre dans la sphère intime, dans le coeur de nos pensées, et en particulier de nos pensées relationnelles, c'est là que tout devient plus complexe, et qu'il faut faire preuve de finesse.
Tous les blogs diaristes possèdent à mon avis ce cryptage, dont la lecture est d'autant plus intéressante qu'elle est à la fois un quête de la clé qui les a brouillés.
Pour ma part, je lis assiduement plusieurs blogs diaristes, de gens qui racontent leur vie plus ou moins intéressante, de manière plus ou moins passionnante. Mais toujours une phrase, une image, une ponctuation anormale, vient interférer avec la compréhension que j'ai de la surface du message, pour me laisser imaginer qu'un mystère sommeille sous les mots, qu'un code est diffusé à l'attention d'initiés dont je ne fais pas partie.
Percer le code de chaque blog, rassembler chaque pièce, jour après jour, anecdote insignifiante après blague débile, je crois que c'est ça qui me pousse à continuer à suivre les aventures insipides de tous ces gens comme les autres.
Parce qu'il y a toujours un message caché. Toujours une pensée amorale qui sous-tend chaque phrase, au-delà même des significations propres et du fait tangible exposé.
Il va de soi, bien entendu, que je n'échappe pas à cette règle.
Libellés : vent
1 commentaires:
langoureusement.
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