Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

20 mai 2008

Retravailler

Je suis en train de lire le théâtre de Maeterlinck en ce moment, et dans sa préface, le poète explique pourquoi il n'apporte que peu de modifications à ses textes une fois la rédaction achevée.
Ceci n'est pas un message botanique.

"Le texte de ces petits drames que mon éditeur réunit aujourd'hui en trois volumes, n'a guère été modifié. Ce n'est point qu'ils me semblent parfaits, il s'en faut bien, mais on n'améliore pas un poème par des corrections successives. Le meilleur et le pire y confondent leurs racines, et souvent, à tenter de les démêler, on perdrait l'émotion particulière et le charme léger et presque inattendu, qui ne pouvaient fleurir qu'à l'ombre d'une faute qui n'avait pas encore été commise."

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2 commentaires:

À 21 mai, 2008 15:34 , Blogger Frédéric a dit...

C'est sur "L'Oiseau Bleu" de Maeterlinck que Stanislavski (père de la fameuse "méthode") et le Théâtre d'art de Moscou se sont d'abord fait les dents---peut-être que ce qui sauve le genre dramatique, c'est ce qu'un metteur en scène et des comédiens sont capables de tirer des faiblesses même de l'oeuvre? Mais qu'importe, le plus intriguant dans cette citation est le côté "paradoxe temporel". Si du bon s'adosse à la faute non encore commise, on devrait logiquement pouvoir éviter cette faute, puisqu'on ne l'a pas faite, mais si on ne la fait pas ce qui précède n'est adossé à rien, et cetera. Les concepts de S.F. s'insinuent vraiment partout---Quoique, ça n'est pas de la S.F., mais simplement de l'astrophysique, non? A quel commencement au juste était le Verbe?

FRED, Mutant Anachronique (comme quoi là, je sais de quoi je cause...)

 
À 21 mai, 2008 16:12 , Blogger Troudair a dit...

Aaaah, un amateur du Théâtre d'Art ! A la bonne heure. Ca fait un moment que je traîne une conférence en lycées sur Tchekhov et je suis toujours désespéré de voir qu'aujourd'hui Stanislavski, "méthode" ou quoi que ce soit, ne dit plus rien à personne (pas même aux profs).
Et pour en revenir à Maeterlinck, je ne sais pas s'il est dans l'idée du paradoxe temporel, ou dans celle de la conception nietzschéenne du repos dominical.
Je m'explique avec une nouvelle citation :

"Les races laborieuses ont bien du mal à supporter l'oisiveté. C'est par un coup de maître que l'instinct anglais a fait du dimanche une journée si sainte et si ennuyeuse, que l'Anglais en vient à désirer inconsciemment le retour des jours de semaine et de travail; le dimanche devient une sorte de jeûne ingénieusement inventé et institué, comme il y en avait souvent dans l'antiquité (...). Il doit y avoir diverses sortes de jeûne, et partout où règnent des habitudes et des pulsions puissantes, il appartient au législateur d'insérer des jours intercalaires où l'une de ces pulsions sera mis aux arrêts et apprendra à avoir faim à son tour. "

Autrement dit, je me demande si Maeterlinck ne serait pas plutôt en train de se demander si l'imperfection d'un passage n'est pas nécessaire à l'éclat d'un autre. Mais j'avoue que mon interprétation est beaucoup moins intéressante que la tienne...

 

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