G*Mp/R²

Mais ça n'est pas une question de chaleur.
Il ne fait pas 5492 degrés Celsius dans les 49m² que j'habite.
C'est une question de pesanteur.
Mon dos se plie.
Ca ne date pas d'aujourd'hui, ni d'hier, mais de très longtemps.
Aussi loin que je puisse me rappeler, mon père me tenait les épaules et m'appuyait sur la colonne vertébrale pour me redresser.
Dans les pièces de théâtre que j'ai jouées cette année, le metteur en scène me faisait la même remarque. Je suis plié, éreinté, comme si je portais une lourde charge sur mes épaules.
Mais c'est faux.
Je ne porte aucune charge sur mes épaules. Rien qui puisse m'empêcher de m'envoler.
Alors pourquoi je ne vole pas ?
En bon scientifique, j'en ai donc déduit qu'il s'agissait de la pesanteur.
Newton est mon psy. Sa pomme est tombée sur l'arête de mon nez. Et elle reste là. Et je ne vois qu'elle.
Et je suppose que je vis sur le soleil, immeubles comme des geysers de flammes, hommes comme des volûtes d'hydrogène en fusion, oppressé par 27,9 fois la pesanteur de la Terre. C'est lourd 28 atmosphères. Faites-moi confiance.
Mais aussi longtemps que je croirais à cette explication, tout ira bien.
Parfois, je me redresse, et je me dis "tu vis sur la Terre, pas sur le soleil, debout".
Ca dure le temps de ma concentration, quelques secondes, puis la courbe reprend son angle, comme si rien en moi ne voulait y croire, et toujours vivre dans l'illusion d'une pesanteur x28.
Ce serait extraordinaire.
Ca ferait de moi quelqu'un d'exceptionnel si vraiment c'était le cas.
Mais peut-être aussi que le fait, justement, de n'être ni extraordinaire, ni exceptionnel, c'est ça qui me fait courber le dos.
Et c'est pour ça que je préfère autant l'explication de Newton, et de sa pomme, posée devant mes yeux, pour m'éviter de voir quoi que ce soit autour.
Libellés : vent
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