Troudair Revolutions

Fil d'info en continu sur les conséquences de la fin du monde qui a eu lieu le 15 décembre 1999.

25 avril 2006

Merci de la part des ploucs

Lundi soir, cérémonie des Molières 2006.
On récompense donc les meilleurs.
Comment sont choisis ces meilleurs ? Par un vote des professionnels de la profession (toute personne habilitée à programmer dans une structure de diffusion - environ 3000 personnes).
On reçoit donc par la poste un petit QCM à remplir et on met des croix dans les cases.
Ce jury "populaire" est donc restreint par un facteur majeur : il n'a pas pu tout voir.
En effet, rien de plus facile, quand on remet un César, ou un Oscar, de voir les films qu'on est censé juger - et encore, beaucoup peuvent passer entre les mailles du filet du fait du faible nombre de copies. Au théâtre, c'est beaucoup moins simple.
Ainsi, une première constatation mathématique s'impose : plus un spectacle a eu du public (programmateurs inclus donc), plus il a de chances de recueillir des suffrages.
L'affluence du public pour une pièce est-il gage de qualité ? Permet-il d'être consacré "le meilleur" ? Et bien aussi stupide que ça puisse paraître, oui.
C'est en tout cas ce que les organisateurs des Molières veulent nous faire croire par ce système de selection.

Deuxième constatation mathématique : si une pièce est jouée dans une grande ville (au hasard, Paris), elle a plus de chances de draîner des spectateurs et par là même, de recueillir des suffrages.
Un spectacle joué à Paris a-t-il plus de chance d'être (le) meilleur ? C'est encore ce que nous dit ce système de sélection.
Pour palier à cette hallucinante discrimination parigo-parisienne, on a vu il y a quelques temps la création du très charitable "Grand prix spécial du jury théâtre public en région". Un peu une sorte de Journée de la Femme, version Poquelin. Oué oué, vous êtes bien gentilles, on va vous filer une journée et une statuette les gamines, allez zou, file dans ta chambre.

A première vue donc, on pourrait penser que ce prix existe car les spectacles en région, vous comprenez, c'est une catégorie à part, du genre trois cracheurs de feu et un échassier qui gesticulent sous la pluie sur les pavés d'une ville à colombages.
Et quand on n'y connait rien au théâtre et qu'on regarde les Molières devant sa télé, c'est évidemment ce qu'on croit. Comment pourrait-on croire autre chose ? D'un côté, on a les spectacles parisiens nominés partout, avec en tête d'affiche des types qu'on a vu sur TF1 le dimanche depuis des années, et de l'autre d'obscurs compagnies pleines de gens à la tête bizarre, pas du tout photogéniques, assis dans la pénombre d'un gymnase anonyme.

Merci bien du cadeau. Par ce geste de charité bien aimable, les vaches sont bien gardées, le téléspectateur reste dans son idée ancestrale que le théâtre, c'est Jean Lefebvre qui fait le benêt dans un vaudeville foireux écrit par Sacha Guitry.
Autrement dit, tout le travail abattu par les structures de diffusion partout en France pour toucher ce fameux public décervelé par la télé est sapé le temps d'une soirée. Quelques heures de prime-time et tout est à refaire. Il va falloir à nouveau passer des jours et des semaines et des mois à amener progressivement le public vers l'idée qu'un bon spectacle n'a pas forcément de tête d'affiche, qu'un bon spectacle ne vient pas forcément de Paris, qu'un bon spectacle enfin, ne fait pas forcément salle comble.

Si j'en crois ce qui a été rabaché pendant cette cérémonie et ce qui a fait office de conclusion de la présentatrice, les Molières existent toujours afin d'inciter les gens à aller au théâtre.
Bon. D'accord.
Mais quel théâtre ?

PS: La soit-disant révélation de l'année, "la Symphonie du Hanneton", par James Thierree, a été programmée partout en France depuis 7 ans. A Auxerre, on l'a eu en octobre 2001. Oui mais voilà... à l'époque, on ne savait pas que c'était un bon spectacle. Merci de nous avoir éclairé, messieurs de l'Académie !

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1 commentaires:

À 26 avril, 2006 21:56 , Anonymous klu a dit...

Le T atre ça Dchire tro.

Je ne suis jamais allé autant au théâtre que lorsque je vivais en province.
Je me questionne...

 

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