La Crise
Un petit mot sur ce qui se passe de nos jours, et la vacuité hallucinante des débats autour des récents "événements" français (puisqu'on nous sort une loi de 55, autant employer une terminologie de 55...).
Des émissions de télé, des articles dans la presse, des interventions politiques, j'en ai vus, et lus, croyez moi, et je continue de penser que donner un avis à chaud sur un événement de société ne consiste en rien de plus que de souligner un exemple confirmant une théorie et/ou une idéologie déjà bien établie dans l'esprit de celui qui s'exprime.
"Une voiture brûlée, c'est un média", disait notre ami, le sulfureux Zarayan sur je ne sais plus quelle liste de discussion, il y a maintenant plusieurs années. Et à un média sans message, on fait dire exactement ce qu'on veut. D'un côté, les pitbulls sécuritaires de Sarkozy vous démontreront que c'est la preuve irréfutable que les banlieues sont pleines de graines de violence, de voyous et autres enfants-soldats basanés avec une AK-47 entre les dents, de l'autre, le PC qui vous expliquera que tout ça n'est que le résultat du capitalisme rampant qui opprime les plus faibles et enrichit les patrons, et au milieu, un PS frileux se répétant inlassablement que "c'est la faute à l'UMP", sans plus jamais rien argumenter.
Le débat public est arrivé à un tel point d'aveuglement que croyez-moi, il est plus que nécessaire de laisser passer quelques jours avant de réellement se forger une opinion sur la pertinence d'un cocktail molotov balancé dans la BM du voisin.
D'ailleurs, je n'échappe pas à cette règle, et cela fait quelques jours que je me retiens de poster sur ce blog pour ajouter ma voix à la grande chorale qui scande depuis le début la même chanson du "je vous l'avais bien dit".
Alors oui, peut-être que la meilleure manière d'en parler serait de lancer une nouvelle saison de l'agent Airhole, et renvoyer tout le monde dans ses 22, sans exception, faire feu de tout bois et bien rigoler, comme on me le suggère dans les commentaires, plus bas, et aussi par mail. Mais pour être franc, je ne me sens pas de faire l'arbitre d'un tel débat sans fond et ainsi participer au brouhaha général et à la psychose qui voit tout là où il n'y a pas grand chose.
A ce propos, pas la peine de remonter très loin en arrière pour retrouver le même type de sujet, avec le même champ lexical, et le même traitement de surface. Il y a quelques jours, le Figaro titrait "Banlieues : l'inquiétante contagion." Ca vous rappelle rien ?
Une grippe en chasse une autre, et au final, nous restons définitivement ces petites créatures vulnérables recroquevillées dans leurs peurs. Tant que ce sera le cas et que nous serons toujours désespérément en attente d'un nouveau signe nous rassurant dans notre idée qu'il faut se barricader chez soi et décréter l'état d'urgence en attendant que "la crise" passe, rien ne pourra changer. Parce qu'il y aura toujours une crise pour nous assigner à résidence.
Hier, en faisant le plein à la station service, j'ai vu à la pompe d'à côté un couple de vieillards remplir un jerican d'essence. Et il m'est venu un rêve.
Et si ces vieux se mettaient eux aussi à balancer des cocktails molotov sur le déambulateur de leur voisin ?
Est-ce que ce sera une catastrophe ? Ou bien le début du moment où on pourra enfin parler sérieusement ?
Seulement, ces vieux n'avait envie de rien brûler, et devaient se contenter de faire des réserves, tout peureux qu'ils étaient, au cas où la "contagion" s'étendrait.
Et on en revient au même point, à savoir que ce sont toujours les mêmes qui s'enfoncent dans les actes désespérés et parlent avec du feu quand ils n'ont plus de voix. Nous pourtant, on en a une, et écoutez bien autour de vous, on en fait quoi ?
Vous voyez... Je vous l'avais bien dit.
Libellés : vent
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