Troudair

20 octobre 2004
 
Cartographie explosive
je peux plus faire un pas dans cette foutue ville sans croiser quelqu'un que je connais, ou qui me connait, ou les deux.
je regrette Paris pour ça, parfois : l'anonymisation.
même si, d'une certaine manière, c'est l'une des raisons qui m'a poussé à me barrer, il faut bien avouer que se promener seul, sans être emmerdé, ça peut avoir du bon.
parce que bien souvent, les gens qu'on croise ne se contentent pas de dire bonjour.
ils cherchent tous quelque chose. une oreille généralement.
personne ne dira rien bien sûr. aucun des problèmes qui les traverse ne sera révélé.
mais ce laps de temps volé au tourment et à la détresse, ça leur suffit. jusqu'au prochain.
du coup ici, traverser la ville, c'est un peu comme faire l'inventaire de la frustration du monde. il y a plein de sourires, plein de silences, plein de non-dits, et une bombe à retardement dont le tic tac rythme le débit de nos paroles.
bien sûr, le pire, c'est que c'est une bombe qui n'explosera jamais.